En Guinée comme dans la plupart des pays africains au sud Sahara, le culte de la personnalité est le sport favori de certains pseudo-intellectuels qui, soit veulent rentrer dans les bonnes grâces du régime en place, soit cherchent à protéger certains privilèges auprès du chef. Cette pratique aux antipodes des valeurs et principes de la démocratie sapent les efforts de la lutte citoyenne pour l’instauration d’un état de droit et favorise « la création » des Présidents forts qui concentrent tous les pouvoirs et gouvernent en maître absolu en lieu et place des institutions démocratiques. Cette situation est d’autant inquiétante que ces pseudo-intellectuels n’hésitent pas à confondre toutes les initiatives du gouvernement visant à améliorer les conditions de vie des populations comme étant des dons ou faveurs personnels du Président de la République. Ainsi, ils sont prompts à servir à travers des discours creux que le Président de la république a fait un don de ceci ou de cela a X personnes ou Y personnes à chaque fois qu’une initiative du gouvernement est mise en œuvre. Comme si l’investissement lié à ce don venait directement de la fortune personnelle du Président la République et non des caisses de l’État! Cette pratique très répandue dans les pays d’Afrique au Sud Sahara notamment, où la marche démocratique se fait en dent de scie, a encore contribué à phagocyter les institutions démocratiques et à favoriser la mal gouvernance avec tout son cortège de malheur.
En Guinée, cette pratique était monnaie-courante pendant les différents régimes qui se sont succédé à la tête du pays depuis son accession à l’indépendance le 02 octobre 1958. Le culte de la personnalité était célébré à chaque occasion de la mise en œuvre de certaines initiatives gouvernementales notamment par des hauts commis de l’État, des journalistes des médias d’État, des artistes ainsi que des religieux. Lors de la prise du pouvoir le 05 septembre 2021, le Colonel Mamadi DOUMBOUYA avait promis de mettre fin à cette pratique par la mise en place des institutions démocratiques fortes. Hélas, depuis un certain temps nous assistons à la résurgence de cette pratique, relayée sans scrupule par des médias d’État et certains sites internet. A quand l’éveil de conscience citoyenne et républicaine ?
Alseny Sall, juriste et activiste de la société civile