Depuis l’avènement du Comité National du Rassemblement pour le Développement, de nombreux chefs d’entreprises sont inquiétés par des mesures prises par la junte.
C’est le cas du richissime homme d’affaires, Mamadou Antonio Souaré dont la société d’exploitation de jeux commerciaux dénommée « Guinée Games » est sommée de transférer l’ensemble de ses activités à l’État conformément au décret du président de la transition publié le 13 mai 2022.
Pour Aliou Bah, économiste de profession, rien ne peut amener les guinéens à croire aux réformes engagées par les militaires au pouvoir qui disent réformer les entreprises puisqu’il n’est pas de leur ressort.
« Naturellement, personne ne peut faire assez confiance à une junte pour crédibiliser toute sa démarche par rapport à une nécessité de réformer les entreprises. Je n’ai vu dans aucun pays au monde des indicateurs de performance au vert dans une situation de transition », a-t-il fait remarquer en premier lieu.
Le président du Model peine à oublier les souvenirs de la transition de 2010 où des cas de détournement ont été signalés. Pour lui « rien ne garantit que cette junte ne va pas aller dans ce sens ».
« Donc, une transition, si elle prend du temps, et qu’elle veut engager des réformes, il est très difficile pour elle de trouver des interlocuteurs auprès des entreprises », soutient-il.
Ce spécialiste en économie fait remarquer que les entreprises minières par exemple, ont des licences leur permettant de faire de la spéculation boursière en vue de générer plus de revenus.
« Quand on parle du gisement de fer de Simandou par exemple, combien d’entreprises ont gagné des millions et des millions de dollars des années durant sans qu’on ne pose même pas une pioche sur la montagne, et les guinéens ne voient absolument rien. Donc, si déjà les licences sont signées et qu’aujourd’hui la junte veut en rediscuter bien entendu, ces entreprises vont continuer de prospérer ailleurs, mettre cela en attente », ajoute-t-il.
Aliou Bah souligne par ailleurs, que la pression exercée sur les entreprises pourrait se transformer en contentieux et compte tenu de la performance des cabinets d’avocat de ces dernières, les autorités de la transition n’auront aucunement gain de cause.
D’où la nécessité « de s’occuper des affaires courantes de l’État et d’orienter le pays dans le sens de la sortie de la transition pour un retour à l’ordre constitutionnel, et de laisser le soin à des responsables élus à la base de s’occuper des questions de développement ».
Hadja Kadé Barry