A la suite de sa dissolution par les autorités de transition le 9 août, le Front national de la défense de la constitution (FNDC), qui avait joué un rôle clé lors des manifestations contre le troisième mandat du président déchu Alpha Condé (2010-2021), redouble d’efforts pour contre-attaquer sur le continent européen. A Bruxelles, le collectif peut compter sur l’activisme de son responsable de la stratégie et de la planification, Sékou Koundouno. Ce dernier a organisé, le 14 août, une manifestation devant le siège de la Commission européenne.
L’installation de Koundouno dans la capitale belge date du mois de mai. Alors en déplacement avec le coordinateur national du mouvement, Foniké Mengué, alias Oumar Sylla, il avait notamment rencontré aux côtés de ce dernier Richard Young, chef de la division Afrique de l’Ouest au extérieure (SEAE) de l’Union européenne (UE).
La direction du FNDC s’était ensuite accordée pour que Koundouno demeure en Europe afin de conserver un point de contact auprès de l’UE, alors que le mouvement subissait une pression croissante de la junte dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya. Un choix qui s’est avéré judicieux : le 30 juillet, au terme de deux jours de manifestations ayant causé cinq morts, les autorités guinéennes ont arrêté plusieurs hauts cadres du FNDC se trouvant alors en Guinée, dont Foniké Mengué.
Koundouno a depuis multiplié les rencontres avec des eurodéputés, dans le but de faire adopter des sanctions par l’UE contre plusieurs responsables de la junte. Le collectif les accuse, entre autres, d’avoir brutalement réprimé les manifestations de juillet. L’objectif est cependant extrêmement ambitieux : si le FNDC estime qu’une résolution condamnant les exactions des autorités de transition a de bonnes chances d’être approuvée par le Parlement européen, l’adoption de mesures restrictives, dont la décision découle de la sphère exécutive, nécessiterait l’approbation de l’ensemble des 27 Etats membres.
Le mouvement plaide parallèlement sa cause sur la place parisienne. Il s’est doté d’un soutien local en la personne d’Aurélien Saintoul, fraîchement élu à l’Assemblée nationale sous l’étiquette de la Nupes (Nouvelle Union populaire écologiste et sociale). Lors d’une séance de questions au gouvernement, le 11 août, le député a vivement interpellé la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, sur les liens de coopération entre Paris et Conakry.
Depuis 2020, le FNDC est représenté par le cabinet Bourdon & Associés, également basé dans la capitale française. Outre son fondateur, William Bourdon, l’avocat français Vincent Brengarth est particulièrement actif sur ce dossier. Ce dernier s’entretient régulièrement avec le responsable juridique du mouvement, le Guinéen Saikou Yaya Diallo.
Début août, Bourdon et Brengarth ont transmis au procureur de la Cour pénale internationale (CPI), le Britannique Karim Khan, un lot de preuves doublé d’une liste des possibles auteurs de la répression des manifestations de juillet. Doumbouya y figure en première position, suivi de douze hauts responsables, dont cinq ministres.
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