Dans une interview accordée à RFI et France 24 ce mercredi 21 septembre à New-York, parlant de la Guinée, le Président en exercice de la conférence des Chefs d’État de la CEDEAO, Umaru Sissoco Embalo a raté l’occasion de se taire, montrant à la face du monde son amateurisme, du moins son ignorance profonde de la chose politique; foulant au pied la culture des grands dirigeants qui exige la retenue ou le self contrôle, la discrétion, la pondération, le respect, le sens élevé de la responsabilité, de la personnalité, de la dignité, de l’honorabilité…
En effet, la gestion de l’État, de la République, d’une organisation aussi grande et importante que la CEDEAO nécessite des aptitudes intellectuelles, morales, psychiques, psychologiques… irréprochables.
Or, à entendre Umaru Sissoco Embalo parler et surtout au nom d’une institution comme la CEDEAO, ses propos arrogants, méprisants, insultants, révoltants, condescendants… renvoient à l’ouvrage collectif de Pierre Accoce et de Pierre Rentchnick, devenu un Best seller: « Ces malades qui nous gouvernent ».
« L’histoire est la mémoire vivante des peuples », dit-on.
La Guinée, la CEDEAO, l’Afrique et le monde entier se souviennent que c’est dans un chaos politique indescriptible sur fond de fraude électorale, de menace de guerre civile, de coup d’état la capitale Bissau ayant été militarisée par l’armée à lui favorable, qu’Umaru Sissoco Embalo brandissait que l’institution sous-régionale a finalement validé sa « victoire » pour sauver la paix civile dans le pays. Et ce n’est pas son adversaire, le candidat du PAIGC, Domingos Simoes Périeira qui nous dira le contraire.
Mal élu sur fond de contestation de son adversaire et la déclaration contradictoire entre la CENI et la Cour suprême du pays, Umaru Sissoco Embalo est-il un bon exemple, une référence, un modèle politique pour s’offrir le luxe de faire des injonctions ou de donner des leçons de démocratie ? Quelle foutaise !
C’est en ce sens que le livre de Pierre Accoce et de Pierre Rentchnick est intéressant car, il décrit exactement les comportements et les agissements d’un Président bissau-guinéen qui frôlent la mythomanie, la mégalomanie, l’amnésie… Si ce n’est déjà le cas.
Ainsi, c’est un secret de polichinelle en Guinée et pour les Guinéens qu’il n’est pas neutre ou impartial dans le jeu politique car, il apporte et continue d’apporter depuis des années un soutien indéfectible à Cellou Dalein Diallo, profitant de sa posture pour accélérer le retour à l’ordre constitutionnel, au mépris du programme de refondation du CNRD, une œuvre de redressement économique, financière… qui touche aux intérêts de son candidat déclaré. Si le ridicule pouvait tuer ! Ça s’appelle être juge et partie.
La Guinée n’est pas le Burkina Faso, ni un autre pays de la CEDEAO.
« Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà », dit-on.
A vrai dire le chantage, les intimidations, les menaces… ne passent pas. Trois ans, c’est acté. Adviendra que pourra! C’est une question qui est réglée et sur laquelle chaque coalition politique a fait sa proposition dans un mémo qui a été déposé à l’autorité compétente.
Souvenons-nous, avec la complicité, l’inaction, la lâcheté… de la CEDEAO, on était parti pour six (6) ans. Et Cellou Dalein Diallo qui a participé au scrutin présidentiel du 18 octobre 2020 a déclaré plusieurs fois dans la presse, après sa troisième défaite qu’il serait candidat en 2026.
N’est-ce pas mieux de faire trois (3) ans de transition que six (6) longues années d’attente sans élection ? Sans nul doute!
« Dis moi qui te gouverne, je te dirai ton avenir », affirme-t-on.
Ce Vendredi 23 septembre, Umaru Embalo, cet ancien squateur du camp Alpha Yaya Diallo à l’époque du CNDD en quête de soutiens fête ses 50 ans, la moitié du siècle, un bonus dans son pays où, l’espérance de vie n’atteint pas 40 ans, un âge de maturité, de sagacité…, qui lui manque malheureusement et cruellement pour maintenir la sous-région dans la paix, l’unité, la stabilité, la concorde…, le temps que se termine son scandaleux mandat à la présidence de la CEDEAO. Dommage! Le doute est permis.
En réalité, il manque de sérénité, de lucidité, de vision et semble être un objet de manipulation pour avoir cédé aux instructions de ses mentors en organisant pour la première fois, et ce, depuis sa création en 1975, le sommet des Chefs d’État de la CEDEAO en dehors de la sous-région pour traiter les sujets de la Guinée et du Mali, ridiculisant de facto l’Afrique de l’Ouest, ses dirigeants et ses peuples. Sans oublier qu’il n’a pas attendu le huis-clos de la CEDEAO à New-York pour annoncer de lourdes sanctions contre la Guinée et mentir sur le chronogramme de 24 mois obtenu avec l’accord du CNRD lors de son passage à Conakry. Incroyable mais vrai! C’est de la mythomanie doublée de la mégalomanie.
Mieux, c’est gênant, embarrassant, dégoûtant…, en qualité du Président de la conférence des Chefs d’État de la CEDEAO, que l’agité de Bissau affiche sa position, tranche à la face du monde dans le contentieux qui oppose le Mali et la Côte d’Ivoire autour des 46 soldats ivoiriens, en prenant fait et cause pour Abidjan, alors que la question est sur la table de l’organisation sous-régionale. Cette éhontée façon de faire ne renforce pas l’union. Ça ne construit pas la confiance. Ça ne rassure pas les populations.
A ce rythme, faut-il craindre la désintégration de la CEDEAO ? Rien n’est moins sûr!
Par cette démarche pas du tout honorable, ni intelligente, ni impartiale, il n’est pas exagéré d’affirmer qu’il a des épaules assez fringales pour porter la charge de la communauté. Pathétique !
A noter que la CEDEAO n’est pas un État fédéral, ni un gouvernement politique sous-régional qui élabore, oriente, instruit, impose, pilote… la politique des États membres. Non, loin s’en faut! La CEDEAO c’est la libre association des Etats indépendants. Bref, c’est une organisation économique dans laquelle les pays membres commercent d’ailleurs moins entre eux (5 à 10%) qu’avec l’Europe, les États-Unis, l’Asie… (85 à 95%).
La Mauritanie a quitté l’organisation sous-régionale depuis de nombreuses années, mais elle se porte bien. C’est autant dire que depuis 47 ans d’existence, l’organisation ne profite concrètement pas à ses membres, ni à ses peuples, malgré la politique de la libre circulation des personnes et de leurs biens. Il est plus difficile de se rendre au Nigéria, au Togo, au Bénin qu’en France ou aux États-Unis.
En ces temps de mondialisation et de multilatéralisme, les relations internationales offrent un éventail de possibilités de relations, de coopération, surtout pour un pays aussi riche que la Guinée dont l’exploitation de la bauxite qui produit l’aluminium, alimente plus de 50% des industries occidentales et de l’économie mondiale. Tant mieux pour Conakry et tant pis pour le monde développé, leurs entreprises, leurs emplois, leurs business…, s’il tombe dans le piège du club des copains et coquins du machin de la CEDEAO.
« Quand la pensée pénètre les masses, elle devient une force matérielle », disait Karl Marx.
A Conakry et dans l’arrière-pays, le peuple adhère à l’initiative salutaire de la refondation lancée par le Colonel-Président Mamadi Doumbouya, histoire de mettre l’ordre dans le désordre, de construire un nouvel archétype politique, économique, social, institutionnel… viable pour le renouveau, le présent et l’avenir de la Guinée. Ce n’est pas négociable. C’est à prendre ou à laisser.
« Pas de recul », conclut le CNRD. Patriotisme oblige!
Paul Moussa Diawara, membre fondateur du CRAS