La naissance d’un joli garçon sous le toit du couple présidentiel guinéen a suscité moins de réactions – juste quelques félicitations – que celles ayant été réservées au baptême que les Guinéens ont été surpris d’apprendre.
Les informations relayées dans les médias et confirmées par des sources proches du palais Mohamed 5 affirment avec certitude que le nouveau-né porte le nom de l’ancien Président de la République de Guinée, Général Lansana Conté. Donc, qu’il sera appelé Général Lansana Doumbouya.
Un acte anodin qui devrait concentrer les attentions si le nom n’avait pas été donné à l’un de ceux qui ont dirigé ce pays. Aussi et surtout, s’il n’y avait pas eu des commentaires tentant d’enjoliver et de le vernir en le présentant comme étant symbolique, historique et je ne sais quoi encore. Confessant qu’il serait destiné à promouvoir la réconciliation nationale.
Au lieu que l’acte soit traité comme un fait divers dans les rédactions des médias et dans les cafés, il mute, pour être un débat national, qui suscite des interrogations.
Sur les lèvres des citoyens qui suivent l’évolution de la transition avec inquiétude, c’est un acte révélateur de la volonté du Président du CNRD de maintenir la période transitoire le plus longtemps possible, dans un tuyau. Lui qui est constamment dans une campagne de séduction, dénoncent les opposants.
De toute évidence, ça a tout l’air d’un populisme dont l’objectif inavoué est d’installer le CNRD dans le cœur de la communauté dont relève l’homme (Lansana Conté, ndlr) ainsi célébré.
« La réconciliation n’est pas quelque chose dicté par un acte de ce genre. C’est vrai qu’il est humain, et devrait donc être apprécié à sa juste valeur. Ça va sans doute faire plaisir à la famille de Conté ainsi qu’aux anciens collaborateurs de celui-ci. C’est tout. Il n’y a pas à se faire des illusions que cela peut promouvoir la réconciliation », tranche un observateur.
Et un autre de jeter un pavé dans la marre : « Pour réconcilier les Guinéens, pendant cette période de transition, avec ces militaires au pouvoir, il faut qu’ils garantissent la justice pour tous, ils doivent refuser d’être des acteurs de la transition. Cela suppose qu’ils doivent agir dans la plus grande impartialité, poser des actes de nature à sortir la transition du tuyau dans lequel elle se maintient désespérément », conseille cet observateur.
En un mot comme en mille, la décision du Président de la transition de donner le nom de son enfant à son prédécesseur et aîné dans l’armée est humainement salutaire. Cependant, dès qu’on la place dans le cadre de la réconciliation nationale, comme s’évertuent à le faire certains soutiens du régime, elle prend inévitablement une connotation populiste.
Mognouma