Depuis l’ouverture du procès du massacre de 28 septembre, c’est la guerre de communication entre les avocats de la partie civile et ceux de la défense. Chacun exprime sa position de façon manifeste.
Ce jeudi 29 septembre 2022, au sortir de l’émission Mirador, Me Martin Pradel, de la FIDH et avocat des victimes a livré ses sentiments, attentes, et surtout ses souhaits en ce qui concerne ce procès historique.
Lisez plutôt !
Vous êtes un des avocats constitués par les victimes, quel est votre sentiment après le démarrage de ce procès ?
Mon sentiment ce que rien n’est fait, rien n’est gagné, c’est un procès qui s’ouvre simplement. Hier tout ce que nous avons fait devant la cour ça été de notifier aux différents intervenants quelles étaient les charges qui pesaient contre eux. Tous sont présumés innocents, maintenant on va commencer le travail judiciaire qui doit se mener avec du temps et de la sérénité pour exactement définir ce qui a été la vérité des faits et la réalité des charges qui pèsent contre chacun. Et donc, mon sentiment c’est celui, assez heureux de voir que, dans un pays dans lequel tant de fois, des hommes et des femmes ont été victimes des faits graves pour la première fois dans l’histoire du pays, les victimes ont le droit d’espérer que justice leur soit rendue. C’est très très important, je le sais, les guinéens le savent. Moi mon sentiment d’avocat c’est que, je le dis que la charge sur mes épaules d’avocats est énorme parce que j’ai des victimes qui espèrent. Mon souhait ce que ce procès ne soit pas une déception.
Quelle appréciation vous faites de la première prestation du juge en charge du dossier ?
Je n’ai pas d’appréciation à faire sur le travail du juge. A ce stade, je crois que c’est très difficile d’abord. C’est une audience qui s’est ouverte par une inauguration, ce qui d’ailleurs est très inhabituel. Il y avait des personnalités publiques dans la salle d’audience, il y avait une énorme présence médiatique de manière un peu peut être désorganisée, ce n’est pas forcément la responsabilité de la cour, mais celle du parquet. Donc, que la chose soit un peu confuse au premier jour ce n’est pas très grave, on veut que ça aille de l’avant. De toutes les façons, je le dis on a de très bonnes relations avec les avocats des parties civiles, ce sont nos confrères nous sommes tous des avocats on va se parler pour que ça se passe bien. On va parler avec la cour, avec le procureur, on va faire en sorte que ce procès soit digne, parce ce que c’est ce que veulent les victimes. Elles veulent la fin de l’impunité, mais elles ne veulent la fin de l’impunité n’importe comment. Il ne faut pas que ces hommes qui comparaissent qui sont présumés innocents puissent un jour dire être victime d’une justice injuste. Nous voulons que ça aille jusqu’au bout, nous voulons que ça aille sereinement. Et donc, nous parlerons autant que possible avec la présidence du tribunal, le procureur, nos adversaires pour que les choses se passent bien…
Qu’est-ce qu’il y a à améliorer pour que vous puissiez faire votre travail dans de meilleurs conditions ?
Je suis un optimiste, donc je vais penser que les choses vont bien se passer et que les difficultés nous allons les surmonter. C’est vrai que pour les surmonter il faut les désigner. Il y a un problème sur le fait que, les avocats n’ont tous pas eu accès à la procédure c’est un véritable problème, parce que comment voulez-vous défendre un homme ou une femme si vous ne connaissez pas le dossier que vous êtes censés défendre ? Il faut que ces choses soient réglées ça va se régler. Il va falloir un peu de temps, mais on va y arriver.
Interview réalisée par Sékou Diateya Camara et transcrite par Hadjiratou Bah