Le président du MoDeL dont le parti est membre du FNDC Politique, a livré son analyse sur l’accord que les autorités guinéennes et la CEDEAO ont trouvé ce vendredi à Conakry en ce qui concerne la durée de la transition (24 mois).
Visiblement, Aliou Bah, n’est pas rassuré par cet accord trouvé entre les deux parties.
Pour lui, le CNRD cherche à gagner encore plus de temps pour ne pas subir les sanctions annoncées par la CEDEAO.
« Espérons que cet accord sera effectif dans l’intérêt de la démocratie et la paix sociale dans notre pays. Mais ma perception est que la junte veut jouer un gros coup pour gagner du temps, éviter momentanément les sanctions et bénéficier du soutien éventuel de l’opinion publique nationale et internationale », entame le président du MoDeL.
Puis, Aliou Bah poursuit en indiquant qu’il s’agit là d’un jeu purement stratégique.
« Obtenir un accord avec la CEDEAO portant sur le délai sur la base d’une expertise technique de celle-ci, en si peu de temps, il est même raisonnable d’émettre des doutes sur l’évaluation profonde qui a été faite. Ensuite, torpiller le processus par des manœuvres dilatoires pour prouver que le délai obtenu dans l’accord n’était pas réaliste. La junte pourra ainsi engager la responsabilité de la CEDEAO sur un éventuel rallongement de la transition. Pour la simple raison qu’elle pourra dire que la CEDEAO lui a « tordu le bras » avec la compression de l’exécution de son chronogramme initial. Avec cet accord entre deux parties, la junte cherchera à isoler la classe politique et les organisations de la société civile qui ne sont pas à sa dévotion. Ceci pour éviter de discuter du sort des prisonniers et exilés politiques, de l’interdiction illégale de l’exercice des libertés collectives, et toutes les autres formes de violence, restrictions et menaces sur les droits des citoyens. Ainsi le bras de fer risque de continuer et la junte trouvera un bouc émissaire pour cacher ses propres manœuvres », dit-il.
Le président du MoDeL laisse entendre enfin qu’il serait judicieux d’amener la junte à renoncer au chronogramme de 10 points et à exiger la tenue d’un dialogue inclusif qui allait permettre d’élaborer un chronogramme consensuel.
» Faire renoncer au CNRD à son chronogramme unilatéral des 10 points, dont principalement le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) et le Recensement à Vocation d’État Civil (RAVEC). Ces deux opérations n’ont été choisies que pour alourdir les tâches et ambitions de la transition afin de justifier le temps nécessaire à leur mise en œuvre. Sinon, il a été suffisamment démontré que pour un fichier électoral crédible, elles n’étaient ni indispensables ni conformes aux exigences standards en la matière. Exiger des autorités de transition la tenue d’un dialogue inclusif qui allait accoucher d’un chronogramme réaliste et consensuel. Ceci pour adopter des opérations nécessaires et réalisables pour un retour à l’ordre constitutionnel dans la durée convenue, et avec de meilleures garanties d’applicabilité. Prudence et réalisme sont les sentiments qui m’animent. Espérons que le temps ne me donnera pas raison », a conclu Aliou BAH, président du MoDeL.
Al Hassan