Ouré Kaba est une commune rurale située à 65 Km de la ville de Mamou, en Moyenne Guinée.
Le groupe des filles leaders aujourd’hui a organisé une causerie éducative sur le mariage d’enfant à la mairie de Ouré Kaba. Plusieurs filles sont venues avec d’autres membres de la communauté. La présidente du groupement, Hadiatou SOW, 17 ans, anime la séance à l’aide d’une boite à images. Elle explique toutes les conséquences néfastes sur les filles, portées par le mariage avant les 18 ans. La séance est très interactive et, à la fin, une petite pièce est mise en scène sur le cas d’une fille promise en mariage qui, grâce à l’aide de la communauté, ne devra plus se marier.
A la fin de la causerie, Hadiatou, et un autre membre du groupe, Aissata Diallo de 16 ans, expliquent : « nous sommes 16 filles dans notre groupe et nous nous rencontrons deux fois par semaine : les jeudis quand on prépare la séance et les dimanches quand on l’anime. Chaque dimanche, c’est dans un village différent de la commune. Nous sommes très fières de notre action, car c’est très important que les filles, nos copines, ne se marient pas avant les 18 ans, pour leur santé et pour continuer à aller à l’école ».
L’UNICEF Guinée, grâce aux fonds du Comité National Suisse de l’UNICEF, appuie les groupes de filles leaders à travers leur formation et encadrement, la mise à leur disposition des outils de travail (boite à images, téléphones, etc.), et le soutien des frais de déplacements pour la mise en œuvre de leur plan d’actions.
Aissata raconte avec fierté, un cas de mariage d’enfant auquel elle a contribué à empêcher : « L’année dernière, pendant une causerie, j’ai vu passer un groupe de personnes avec une fille habillée pour le mariage qui avait l’air jeune…trop jeune pour se marier. J’ai donc quitté la séance et j’ai appelé M. Barry, notre superviseur et travailleur social de Ouré Kaba. Il est arrivé et grâce à son intervention, le mariage qui aurait eu lieu d’ici peu a été interrompu. J’étais tellement contente ! ».
Thierno Hassan Barry, 39 ans, explique comment il a réussi à empêcher ce mariage : « quand Aissata m’a appelé, j’ai tout de suite informé les membres du comité de protection et je suis parti au village où il y aurait eu la cérémonie. J’ai réuni les sages, les parents et les deux futurs mariés. Le comité avait déjà demandé auparavant l’extrait de naissance de la fille, mais la famille ne l’avait pas fourni et donc le mariage s’organisait en cachette. J’ai donc commencé à parler et à les sensibiliser sur les conséquences du mariage précoce chez les filles. J’ai aussi expliqué que la commune a déclaré l’abandon des mariages d’enfants et que cela n’était donc pas acceptable. Avec l’intervention du comité de protection et de la gendarmerie, les familles ont finalement renoncé au mariage ».
L’UNICEF appuie les travailleurs sociaux avec la mise à disposition de motos (louées ou achetées), la prise en charge mensuelle des primes, la mise à disposition de téléphones avec les frais de communication mensuels, les équipements, et les formations régulières (formelles et supervision).
M. Barry ajoute : « Nous avons 68 structures de protection dans cette commune composée de leaders religieux et communautaires, les femmes mentors, les représentants des jeunes, des enseignants, des agents de santé, et des organisations communautaires de base dynamiques. Nous avons mis en place un système d’alerte et de surveillance grâce aux appuis reçus de l’UNCEF, qui ont contribué à la coordination et à la prise en charge des cas de protection. Grâce à la formation reçue, je sais comment communiquer avec les gens et cela aide à sensibiliser et à diminuer les risques de réticences. Les cas de mariage d’enfants ont progressivement diminué et je suis fier de pouvoir contribuer à ces résultats encourageants ».
Dans la commune de Ouré Kaba, 44 villages sur 88 ont déclaré l’abandon du mariage d’enfants et des mutilations génitales féminines.