La Guinée est dans une crise depuis plusieurs mois, à cause de la mésentente entre les acteurs politiques et le CNRD en ce qui concerne la durée de transition.
L’arrivée d’une mission technique de la CEDEAO en Guinée, en vue de mener une étude sur le chronogramme de la transition, la manifestation annoncée du Front national pour la Défense de la constitution, l’appel à la désobéissance civile des Forces Sociales de Guinée sont entre autres sujets qui défraient la chronique.
Le président du MPDG s’est exprimé sur toutes ces questions, ce lundi 17 octobre 2022.
Lisez plutôt :
Mosaiqueguinee.com : depuis ce dimanche 16 octobre 2022, une mission de la CEDEAO séjourne en Guinée dans le cadre d’une évaluation technique du chronogramme de la transition avec le CNRD, comment vous accueillez cela ?
La CEDEAO ne vient pas en Guinée de façon fortuite, c’est après le constat d’une crise d’entente que la CEDEAO s’invite dans le débat guinéen, ceci dit, nous nous saluons l’intervention de nos voisins. Je rappelle que la Guinée est membre fondateur de cette CEDEAO, et elle procède de la volonté de nos pères fondateurs de parvenir à une intégration économique sous régionale réussie. Donc, la Guinée ne peut pas aujourd’hui se dédier des principes de la CEDEAO. Maintenant, en ce qui concerne la crise actuelle que nous sommes en train de traverser, nous pensons qu’elle ne peut trouver son épilogue que par le dialogue et à travers le dialogue. Que ce dialogue soit facilité par une mission de la CEDEAO, ou qu’il soit mené par des facilitateurs où facilitatrices au niveau national, nous pensons quand même que c’est par les vertus du dialogue que, nous pourrons sortir de cette crise et amorcer un véritable retour à l’ordre constitutionnel. C’est pourquoi, nous saluons la désignation du médiateur de la CEDEAO, dans la même idée aussi, la désignation des facilitatrices nationales.
Les Forces sociales appellent à la désobéissance civile, le FNDC lui à de nouvelles manifestations qu’en pensez vous ?
Je suis de ceux qui croient qu’il faudrait toujours respecter les droits consacrés par nos différentes constitutions, même si elles sont aujourd’hui suspendues, mais il y a des droits qui sont sacrés et inhérents à l’exercice de la démocratie. Parmi ces droits, il y a le droit d’association et de manifestation. Donc, il est du plein droit du FNDC et de toute autre entité qu’elle soit politique ou sociale de manifester et d’appeler à des manifestations, lorsqu’elle estime qu’elle est lésée, ou qu’elle a des revendications à porter. Maintenant, nous pensons aussi que chacun doit savoir raison garder, autant nos textes nous consacrent ces droits là, autant l’exercice de ces droits demande un certain bon sens. Le bon sens voudrait aujourd’hui que nous nous entenions d’abord au dialogue et à ses vertus, que nous acceptions, la main tendue du CNRD pour une fois. Au lieu d’appeler à des manifestations d’autant plus que, nous savons que ces manifestations là viennent souvent avec leurs corolaires de violences qui engendrent des pertes en vies humaines. Donc, nous pensons, qu’il faut aller à la pacification du débat, qu’il faut quitter la rue, et venir surtout autour de la table.
Des coalitions politiques, notamment le quatuor refusent d’aller au dialogue et opposent un refus catégorique à la réception des facilitatrices désignées pour ce dialogue. Avez-vous vous un message à leur endroit?
Il appartient à chaque coalition d’apprécier la situation, et de prendre des mesures qui lui paraissent idoines face à la situation que nous traversons. S’il y a des coalitions qui estiment qu’être aujourd’hui autour de la table n’est pas opportun, nous ne pouvons pas avoir la prétention de les juger. On dit que chacun voit midi à sa porte, mais ceci dit, nous, nous pensons que la politique de la chaise vide n’a jamais résolu au cour de l’histoire, quelles que soient les appréhensions qu’on peut avoir. Quelles que soient les récriminations, nous pensons qu’une tension autour d’une crise donnée, trouve son épilogue autour du dialogue et dans la franchise des échanges. Donc, ces coalitions qui refusent d’entamer le dialogue, nous ne pouvons pas comprendre cette démarche. Nous pensons que le meilleur cadre pour exprimer ces revendications se trouve autour de la table, entre guinéens. Qu’on puisse se regarder et parler des choses qui fâchent et parvenir à un consensus pour faire avancer notre transition.
Interview réalisée par Hadjiratou Bah