Réunis en session ordinaire ce mercredi 16 août 2023, les conseillers nationaux ont suivi à l’hémicycle du palais du peuple, la présentation du document de programmation budgétaire 2024-2026, support du Débat d’Orientation Budgétaire pour l’année 2023.
Le Débat d’orientation budgétaire est une étape essentielle du processus budgétaire qui consacre le dialogue constructif entre l’exécutif et le législatif sur les choix en matière de politiques budgétaires. Ledit document comprend six (6) grandes parties, à savoir le développement macroéconomique récent et perspectives, l’exécution du budget à fin décembre 2022 et celui du premier trimestre 2023, les perspectives budgétaires pour la période 2024-2026, la stratégie nationale et les stratégies sectorielles, la stratégie de gestion de la dette à moyen terme et l’analyse et gestion des risques.
Pour Dr Dansa Camara, « l’élaboration d’une planification budgétaire pluriannuelle en cette période de refondation et de rectification institutionnelle revêt une importance cruciale ». C’est pourquoi il souhaite, dans cet exercice, que les parties impliquées s’assurent que « les voix de toutes les couches de la société soient entendues, qu’il s’agisse des groupes marginalisés, des femmes, des jeunes, des populations rurales et urbaines » tout en tenant compte « des besoins diversifiés de la population » dans le seul but de « créer des politiques budgétaires véritablement solidaires, équitables et inclusives ».
« La planification budgétaire pluriannuelle doit être en ligne avec nos aspirations collectives de réforme et de progrès. En adhérant aux principes de transparence, de responsabilité sociale, de priorisation stratégique et de flexibilité, nous pouvons consolider les bases d’une gestion exemplaire des finances publiques, en vue d’une prospérité durable pour notre nation et d’un avenir meilleur pour chaque Guinéen. (…). La planification budgétaire doit être suffisamment flexible pour s’adapter aux nouvelles exigences tout en maintenant un cap stratégique », a-t-il dit dans son discours de circonstance.
Le ministre de l’économie et des finances, un des ministres en charge de l’économie guinéenne a, dans sa prise de parole devant les conseillers nationaux, affirmé que ce débat, institué en amont de l’examen de la LFI de l’année prochaine, « sert à assurer la cohérence inter-temporelle des orientations stratégiques du Gouvernement ». « Il met en évidence le rôle des contraintes contextuelles et rassure par rapport à la consistance des projections de ressources. Il enrichit les documents des critiques et recommandations de la représentation nationale afin d’aboutir à un meilleur projet de loi de finances pour notre pays », a-t-il ajouté.
Poursuivant son allocution, Moussa Cissé a soutenu que selon les données du cadrage macroéconomique, « l’économie guinéenne s’est révélée résiliente en 2022 », en dépit des contraintes et chocs d’ordre interne et externe, notamment « les effets Covid et la guerre en Ukraine ».
« En effet, avec un taux de croissance de 5,5% en 2022, l’activité́ économique guinéenne pourrait enregistrer une croissance de 6,1% en 2023 et un taux d’inflation projeté à 9,2% en glissement annuel, grâce à la bonne gestion des finances publiques en 2022 soutenue par les efforts de mobilisation des recettes budgétaires internes et de rationalisation des dépenses publiques. Sur la période 2024-2026, qui correspond au périmètre du cadrage budgétaire pluriannuel soumis à votre appréciation, le taux de croissance moyen est estimé à 6,5% avec un pic de 7,4% en 2026, soutenu par la forte mobilisation des investissements dans les secteurs secondaire (41%) et tertiaire (34%). L’inflation sera maîtrisée à un niveau moyen annuel de 6,3% sur la même période par rapport à 11,2% pour 2020-2022. Ce niveau d’inflation est soutenu par l’amélioration des circuits de distribution, l’augmentation de l’offre de produits alimentaires et les actions renforcées de lutte contre la cherté de la vie. Il s’ajoute à ces efforts, les mesures de stabilisation de la monnaie nationale, surtout le rapatriement des recettes d’exportation. Le taux de change du franc guinéen devrait se déprécier en moyenne annuelle de 0,57% par rapport au dollar américain, toutes choses égales par ailleurs. Ainsi, on estime que le taux de change sera de 8 805,7 GNF pour 1 dollar en 2024, de 8 881,8 GNF en 2025 et de 8 899,9 GNF en 2026. Cette projection serait significativement modifiée en débridant les impacts du projet Simandou et des mesures de rapatriement dans les calculs », ajoute-t-il.
Sur la base de ces hypothèses, estime le ministre et avec le concours d’autres facteurs notamment le financement potentiel attendu des partenaires, « les recettes du budget de l’Etat pour les trois prochaines années sont projetées à 108 131,81 Mds, dont 96,66% proviennent des recettes intérieures ». Dans ce cadre, « la Direction Générale des impôts mobilisera 54,56% de cette prévision, la Direction Générale des Douanes (DGD) participera à hauteur de 33,96% et la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP) contribuera à hauteur de 8,14% ».
Quant aux dons attendus, le ministre a précisé qu’ils représentent « 3,34% des recettes de la période » alors que les recettes fiscales minières elles, « sont projetées à 16.899,14 Mds de GNF et représentent 17,13% des recettes fiscales de la période ».
« Pour l’année 2024, le niveau des recettes budgétaires attendues est de 32 222,80 Mds, dont 31 160,78 Mds de recettes intérieures. La pression fiscale projetée sur la période s’élève en moyenne à 12,57% par an, avec un taux de 12,20% prévu en 2024, 12,50% en 2025 et 13% en 2026. Les dépenses de l’Etat sont projetées à 132 604,59 Mds sur la période, dont 39 822,61 Mds pour 2024. Les dépenses de la période progressent en moyenne annuelle de 10,51%. Sur la même période, les dépenses courantes sont estimées à 73 618,20 Mds. Pour l’année 2024, elles sont projetées à 22 422,46 Mds, soit un accroissement de 7,94% par rapport à 2023. Les dépenses d’investissement (projets et hors projets) sont projetées à 58 986,39 Mds (dont 4 101,65 Mds en budget d’affectation spéciale). Les dépenses d’investissement représentent plus de 44,48% du total des dépenses sur la période, niveau permettant de réduire le déficit infrastructurel et d’équipements dans notre pays. Elles sont financées, à 54% environ, par des ressources intérieures. Pour l’année 2024, elles sont projetées globalement à 17 400,15 Mds, soit un accroissement d’environ 10,58% par rapport à 2023. Par ailleurs, les transferts de l’État aux collectivités territoriales resteront sur une tendance haussière à travers les instruments financiers habituels que sont les budgets d’affectation spéciale gérés par l’ANAFIC. Monsieur l’Honorable Président du Conseil National de la Transition, Honorables Conseillers Nationaux, Le solde budgétaire qui résulte de ces projections sur la période est déficitaire et représente en moyenne annuelle 3,13% du PIB. Il se situe à -3,18% en 2024, -3,15% en 2025 et -3,06% en 2026 », a-t-il précisé avant d’ajouter que le « niveau d’endettement sera maîtrisé… ».
MohamedNana Bangoura