Un cri strident qui dépasse les frontières étatiques par-delà les océans et les continents. Tout s’explique autour de ce désarroi et du désir profond, non pas de changement, mais de rupture avec l’éternel recommencement.
L’actualité du moment tourne autour des événements imprévisibles au Niger et l’arrivée des militaires dans de nombreux États de la CEDEAO.
Au Tchad, la mort prématurée du Président en exercice a mené les militaires au pouvoir.
Au Mali, les militaires ont pris le pouvoir après avoir obligé le Président élu à démissionner.
En Guinée, les Forces Spéciales ont interrompu l’ordre constitutionnel un beau matin.
Au Burkina, il y a eu un coup de force dans le coup d’État entre militaires.
En Centrafrique le chef de l’État vient de se tailler une constitution sur mesure pour s’éterniser au pouvoir.
Au Soudan, les Généraux s’entredéchirent avec des victimes innocentes et des millions de personnes déplacées…
Dans ce charivari ubuesque, la CEDEAO malmenée de tous bords tente de sortir de sa torpeur en brandissant la menace d’une intervention militaire. Pendant ce temps, les soutiens se multiplient sur le dos de la majorité des Nigériens qui ont élu démocratiquement un Président. Le rapatriement des ressortissants européens se poursuit. Quid des citoyens africains venant des pays frères ? Personne n’en parle !
Ce qui renvoie les investissements aux calendes grecques avec des conséquences désastreuses sur le niveau de l’endettement et du PIB. Les pertes de revenus des ménages qui vivent au jour le jour. La paupérisation qui s’accentue tout comme l’insécurité. Des institutions remplacées par des apprentis non préparés ou mal formés. Les règlements de compte et l’enrichissement illicite… Tout un panel de conséquences désobligeantes et immédiates, au nom des dirigeants « corrompus ».
Le seul moyen pour la CEDEAO de sortir de sa léthargie et redorer son blason, serait d’appliquer des règles de dissuasion et de prévention plutôt que des mesures de répression inappropriées ou disproportionnées.
Il faut sortir des vœux pieux, les menaces édulcorées du 2 poids-2mesures, ou l’éternel listing des sanctions mal ciblées comme le gel des comptes bancaires facilement contournables et les restrictions de voyages où l’on voit des personnes fichées pavaner à l’étranger.
Il faudrait partir du postulat que quiconque viendrait au pouvoir par les armes verrait son pays banni comme un pestiféré. Pas le droit d’être associé, invité, représenté. Pas d’envoi d’émissaires ou d’appel au dialogue autour de la table dans un 1er temps. Puis de façon graduelle, aller jusqu’à la fermeture des voies terrestres, aériennes et maritimes à travers un blocus soutenu (pas d’entrée ni de sortie de personnes et de marchandises).
Aucun pouvoir ne pourrait tenir avec des populations qui ne seraient plus prêtes à accepter l’inacceptable ou à s’accommoder de justifications injustifiées.
Nous avons déjà du mal à sécuriser nos frontières terrestres, à plus forte raison l’espace aérien et les eaux territoriales nationales.
Sachant qu’aucun de nos États ne pourrait vivre en autarcie indéfiniment, ceci aurait pour conséquence d’éveiller les consciences et activer la participation active citoyenne autour de la justice et de la démocratie. C’est en ce sens que la CEDEAO serait le messie pour des populations traumatisées, affamées et sans recours qui appellent au secours.
Le blocus et l’embargo permettent de cibler les réfractaires et de se focaliser sur l’essentiel. Une intervention au motif/objectif de mettre la main sur une personne ou un groupuscule sans le corollaire des dégâts collatéraux, serait un leurre à la dimension de « l’opération chirurgicale » légendaire de la tempête du désert.
La plupart des manifestations dites de soutien aux militaires sont le fait de la satisfaction d’une infime partie à saluer le départ du Président en place.
Mais comment pourrait-on mettre fin à ce cycle infernal (à qui le tour ?) s’il est permis aux putschistes d’envoyer des accréditations, de voyager ou de se faire représenter, de recevoir leurs homologues et de signer des conventions… ?
Il est temps d’inscrire dans notre ADN, l’intégration régionale, la défense de l’environnement, la paix, la cohésion et la conquête du pouvoir par la voie des urnes.
La CEDEAO est à l’échelle de l’ONU dans la sous-région. Elle doit être incontournable et respectée. La crainte de voir des États s’autoexclure ne pourrait que la renforcer, car les populations n’accepteront plus d’être en dehors de la sphère qui promeut le développement et la construction des grands ensembles africains. La jeunesse africaine est aux abois.
C’est ainsi que nous obtiendrons le droit de véto à l’ONU, la responsabilité de travailler pour les prochaines générations et la possibilité de rester maitres de nos ressources et de notre destin.
Vive l’Afrique démocratique, solidaire et pacifiée.
Fodé Mohamed Soumah