Dans un communiqué publié ce dimanche 27 août 2023, les leaders des forces vives de Guinée ont annoncé une manifestation le 05 septembre prochain, date anniversaire de l’an 2, de la prise du pouvoir par le CNRD.
Cette annonce suscite une avalanche de réactions au sein de la classe politique guinéenne.
Notre correspondant basé à Kankan, a tendu son micro à Dr Mauro Sidibé, qui a indiqué que les forces vives de Guinée ne doivent pas oublier ce qui s’est passé le 28 septembre 2009.
« Vous savez, il ne faut pas oublier déjà qu’une manifestation a été organisée, pendant un jour célèbre de notre pays, le 28 septembre 2009 a entraîné des conséquences dramatiques. Alors faut-il répéter les mêmes choses ? Je pense que personne ne le souhaite. À mon humble avis, il faut chercher d’abord à obtenir l’autorisation de manifester. Une fois qu’on obtiendra cette autorisation, les choses vont se passer dans l’ordre, dans le calme. Et l’étape à suivre après c’est de manifester pour l’organisation des élections ou le respect du calendrier de la transition (…). Moi je ne veux pas que l’histoire se répète, c’est ce que je dis. Ceux qui veulent manifester, s’ils pensent que ça va se passer sans incident, sans qu’il n’y ait des morts, d’accord. Mais je ne veux pas que l’histoire se répète, parce qu’elle a tendance à se répéter. On a déjà manifesté un jour célèbre, et jusqu’à présent, on est dans ce jugement du 28 septembre 2009. Donc, il faut être calme et chercher des moyens pour lever l’interdiction de manifester. Une fois que c’est levé, on aura tous les moyens pour demander des élections. Parce que tout ce qui se dit aujourd’hui par rapport au préparatifs des élections a déjà été entendu. Notamment les problèmes de fichiers et de recensement. On a toujours entendu parler de tout ça. Il faut fixer la date, dire qu’il y aura les élections à tel moment point. Tout le reste va suivre. On patauge dans les préparatifs de ceci ou de cela, tout ça ne fait que retarder l’échéance. Le glissement de calendrier n’est pas sans conséquence… », a-t-il indiqué.
Selon cet homme politique, le temps lui a donné raison, parce qu’il avait dit que le dialogue et autres démarches ne serviraient qu’à retarder les élections.
« Moi je l’ai toujours dit depuis le début, pendant qu’on parlait de concertation, de dialogue inclusif. Je disais que tout ça ne servait à rien, ce ne serait qu’un moyen de retarder les échéances. Et je pense que le temps m’a donné raison. Donc, il faudrait plutôt chercher à avoir la date des élections, une fois que cela sera connu tout rentrera en ordre, tout va se calmer », a-t-il ajouté.
Pour ce candidat malheureux à la présidentielle de 2020, jusqu’à preuve de contraire, les pro CNRD n’ont pas encore appelé à une manifestation. Alors, il appelle les opposants à attendre l’autorisation des autorités militaires.
« Le problème est que beaucoup d’opposants ont plutôt cherché à participer à la gestion de cette transition. Mais ils se sont cassés les dents. Pourquoi chercher à s’immiscer dans quelque chose que vous n’avez pas mis en place, dans laquelle vous n’êtes pas désiré. Donc, il faut changer de fusil d’épaule. Est-ce que ceux qui manifestent pour le CNRD, ont brandi des autorisations de manifester ? Alors attendons qu’ils sortent des autorisations et qu’ils manifestent, après donc le droit serait donné automatiquement à l’opposition de manifester aussi. Moi, j’ai bien suivi les manifestations de Kankan, qui étaient pro CNRD, elles se sont terminées par des poursuites. Donc, je pense qu’il faut encore attendre pour ne pas être impulsif », a-t-il conseillé.
Cheick Mamady Condé, correspondant régional de Mosaiqueguinee.com à Kankan