La phase de confrontations sur des points de contradiction à l’interrogatoire définitif, autour des évènements du 28 septembre 2009, s’est poursuivie, ce lundi, devant le tribunal criminel délocalisé Dixinn.
Et ce sont le général à la retraite Valentin Haba, le médecin légiste Pr Hassan Bah et le colonel Abdoulaye Chérif Diaby qui ont été confrontés dans un premier temps par rapport à la gestion et la remise des corps entre le stade de Conakry, le camp Samory et la morgue de l’hôpital Ignace Deen.
Lors de sa déposition, le Général Valentin Haba a déclaré qu’au total il y avait 54 corps qui, sur instruction de Général Mamadou à Toto Camara, avaient été remis à M. Abdoulaye Chérif Diaby.
Aux dires du ministère public, le colonel Abdoulaye Chérif Diaby à l’époque ministre de la santé avait nié toute implication dans cette remise des corps.
De son côté, le médecin légiste, Professeur Hassan Bah avait quant à lui indiqué avoir reçu un total de 58 corps à la morgue.
Interrogés de nouveau, au cours de cette phase de confrontation, Valentin Haba a confirmé ses déclarations. Il a rappelé que c’est en sa présence que les camions sont arrivés au camp Samory en provenance du Stade. Après décompte, ils se sont rendus compte qu’il y avait effectivement 54 corps.
« Le général Toto y était, ainsi que le colonel Abdoulaye Chérif Diaby. Et c’est le Gl Toto qui a demandé à ce que les corps soient mis à la disposition de M. Abdoulaye Chérif Diaby », a-t-il maintenu.
Ces déclarations ne passent pas chez l’ancien ministre de la santé qui déclare n’avoir jamais été associé à la gestion des corps. Il précise cependant que c’est devant les médecins militaires que le Général Toto lui dit, « Voici 54 corps qui sont dans les camions, les médecins militaires sont là ils vont les convoyer à la morgue », a-t-il rappelé, avant d’ajouter, « ce n’est pas à moi qu’il a adressé directement les corps. Il a même dit que les frais de préparation des corps qu’il paie (…). Je n’ai pas géré les corps, je n’ai pas convoyé de corps. C’est lui qui a envoyé les camions au stade pour ramasser les corps ».
Contrairement aux deux premiers, Professeur Hassan Bah dit avoir reçu au total 58 corps, au niveau de la morgue de l’hôpital Ignace Deen. Toutefois, il dit n’avoir pas eu connaissance de leur provenance.
« On ne m’a pas dit la provenance des corps, on m’a dit de venir recevoir les corps qui étaient dans les camions militaires. Ces corps qui étaient en phase de décomposition étaient embarqués dans des camions stationnés sous le chaud soleil », a révélé le médecin légiste.
La deuxième confrontation à opposé l’ancien chef d’état major des forces armées Oumar Sanoh, le médecin légiste et le colonel Cherif Diaby.
En effet, lors de sa déposition, le Général Oumar Sanoh avait parlé de l’existence de 157 corps, ramassés au stade, au soir du 28 septembre 2009. Devant les juges, l’ancien officier supérieur, a déclaré s’être appuyé sur le rapport de la représentante de CICR pour avancer ces chiffres.
« Je le confirme, je me suis basé sur le rapport qui m’a été donné par la Dame de CICR parce que je n’ai pas compter de corps ».
Oumar Sanoh reconnaît également avoir ordonné au commandant du train militaire de mettre trois camions à la disposition de la Dame, dans lesquels 157 corps ont été ramassés au stade et transportés au camp Samory avant d’être transportés à la morgue.
Il sera démenti par professeur Hassan Bah qui maintient n’avoir reçu que 58 corps.
« J’ai reçu 43 corps, déposés dans les camions militaires. Les corps qui ont complété à 58 ce sont des décès hospitaliers », a-t-il précisé.
À la suite du colonel Abdoulaye Chérif Diaby, son coaccusé Moussa Tiégboro Camara aussi a été confronté à certains de ses accusateurs par rapport aux propos injurieux qui lui ont été attribuées le jour du carnage.
L’audience a été renvoyée au 23 avril prochain pour la suite des confrontations.
Alhassane Fofana