Sous la houlette du ministre Aboubacar Camara, le Directeur général de la société anonyme Électricité de Guinée (EDG SA) a organisé ce jeudi octobre 2024, un déjeuner de presse avec les représentants de médias dans un réceptif hôtelier de Conakry.
L’objectif était d’amener ces hommes de médias à une meilleure compréhension de la situation de l’énergie dans notre pays, les sensibiliser sur les questions énergétiques et également les inviter à un meilleur usage des informations en lien avec le secteur.
À cette occasion donc, le ministre de l’énergie, de l’hydraulique et des hydrocarbures Aboubacar Camara a tout d’abord essayé de faire comprendre aux hommes de médias invités à ce déjeuner, la nécessité d’avoir à l’esprit, l’intérêt du pays qu’on a en commun. Ainsi, a-t-il insisté, autant les journalistes doivent faire attention dans le traitement de l’information, il revient aussi aux responsables des entités publiques de rendre disponibles les informations.
« Dire qu’il n’y a pas de courant dans un quartier de Kankan et dire que tout Kankan manque d’électricité sont deux communications différentes. On a besoin de vous (médias, ndlr) pour nous aider à nous améliorer et permettre que la bonne information soit diffusée. Si vous appelez un responsable, il ne répond pas, tant mieux. C’est à ses risques et périls. (…). L’idéal voudrait qu’on puisse s’entendre parce que si vous ne donnez pas la bonne information, ça nous crée des problèmes. Nous (autorités, ndlr) devons aussi nous améliorer. C’est vrai qu’on a des cadres chez nous, même quand tu les appelles pour avoir des informations, ils disent qu’ils n’ont rien à dire. Il y a des difficultés aussi chez nous. (…). À EDG, je l’ai toujours dit, la situation d’EDG, c’est une situation qui est entretenue. La fraude, ce ne sont pas les gens qui sont dehors qui le font. La fraude est accoutumée depuis des années. Vous avez vu que le prix du kilowatt heure ne fait qu’augmenter. (…). Si nous-mêmes, on ne change pas de comportement vis-à-vis de ceux que nous gérons, ça va être difficile que les messages de sensibilisation que nous sommes en train de faire passer, ils y croient. Sur le terrain, ce sont les chefs de zones, ce sont les responsables au niveau de la facturation. Le problème, c’est nous, c’est tout le monde », a dit le ministre.
La question en lien avec la vente de l’électricité à d’autres pays alors que des localités de notre pays n’en disposent pas est également revenue au cœur de ce déjeuner de presse. Sur ce sujet, le ministre Aboubacar Camara a expliqué qu’ils sont, actuellement, en train d’aller vers des investissements privés pour construire des lignes permettant de transporter le courant vers les localités qui n’en ont pas.
« On est en train d’ouvrir le secteur de l’électricité à beaucoup plus de privés. L’Etat ne peut pas tout faire. On va ouvrir le secteur aux opérateurs, aux entreprises qui vont construire des lignes et qui se font rembourser plus à travers le transport de l’énergie. La ligne par laquelle on envoie le courant au Libéria ou au Sénégal ne nous appartient pas. On veut donc des privés qui vont réaliser le boucle de Guinée permettant aux populations qui sont sur thermiques, d’avoir l’électricité. Il faut revoir tout le système, et pour cela, la société EDG travaille d’arrache-pied. (…). Le courant a un prix. Mais aucun client, résidant autrefois à Dakar n’est venu à EDG pour dire qu’on lui facture moins cher qu’au Sénégal. Il faut ouvrir le secteur au privé, il faut aller sur les contrats BOT et les contrats EPCF. Cela est possible aujourd’hui. Mais tout cela sera résolu avec le projet Simandou 2040. Si avant chaque ministre venait avec son programme et sa vision, l’avantage de ce programme, c’est qu’il y a un programme bâti. Désormais, le ministre n’invente rien, il aura un programme qu’il sera obligé de suivre. Quand il n’y a pas le courant, c’est tout le monde qui en paie le prix. L’État essaie mais il est arrivé à un niveau où il y a d’autres priorités. Imaginez, 400 millions de dollars investis chaque année dans l’électricité », a-t-il lancé.
Pour sa part, le Directeur général de la société de gestion de l’énergie EDG SA, Elhadj Gando Barry est revenu sur la nécessité pour la société dont il a la gestion, d’aller vers l’implantation des compteurs prépayés. Pour lui, le compteur prépayé permettra de gérer la situation des abonnements mais aussi la consommation de l’énergie.
« Pour nous, le pré-paiement est une solution gagnant-gagnant pour la société EDG mais aussi pour le client. C’est pourquoi nous parlons d’un client un compteur. Aujourd’hui, EDG c’est moins de 700 000 abonnés. Est-ce que vous pensez que ce chiffre est exact ? Est-ce que vous pensez que c’est possible que ce soit seulement 700 000 personnes qui soient abonnés à EDG ? C’est tout simplement parce qu’il y a plein de personnes qui consomment l’électricité et qui ne sont pas abonnés. C’est là qu’on parle de perte commercial. Notre stratégie aujourd’hui c’est de privilégier le pré-paiement parce qu’avec le pré-paiement, c’est un recouvrement qui est sûr. On n’a pas à discuter avec les arriérés. Avec le pré-paiement, vous payez ce que vous consommez. L’un des outils dans ma stratégie de recouvrement, c’est de promouvoir les compteurs prépayés. L’un des avantages du compteur à pré-paiement c’est de vous aider à vous décharger. Si les gens consomment le courant sans le compteur, il n’a aucune possibilité de savoir ce qu’ils consomment », a-t-il lancé.
MohamedNana BANGOURA