Les images en provenance de la Guinée sont insoutenables. De jeunes vies fauchées en pleine fleur de l’âge, victimes des choix d’un homme puissant, le président de la transition guinéenne, qui a trahi son serment pour les illusions éphémères du pouvoir. Alors que les manifestations des opposants, réclamant le respect de la parole donnée et du serment d’un soldat, sont sévèrement réprimées, celles de ses partisans se déroulent librement sous forme de propagande politique et de mouvements de soutien. Une injustice aussi flagrante, doublée d’arrogance, ne peut qu’attirer la colère divine, et les conséquences ne se font jamais attendre.
Le pouvoir enivre, surtout lorsqu’on s’entoure de profiteurs sans scrupules, obsédés par leurs intérêts personnels. Pourtant, il est vital que le président de la transition se souvienne que ceux qui l’ont acclamé en tant que “Colonel du 5 Septembre 2021” et qui s’opposent aujourd’hui à lui, ne sont pas ses ennemis, mais ses véritables alliés. Il ferait bien de méditer sur le sort de son prédécesseur, Alpha Condé. La véritable force ne réside pas dans la démonstration des muscles, mais dans l’humilité et la capacité à protéger son peuple.
Être humain, c’est aussi se perdre parfois, surtout lorsqu’on est mal conseillé par des proches qui privilégient leurs intérêts égoïstes. Mais à la fin, c’est toujours le dirigeant qui porte seul la responsabilité des échecs.
Après l’incendie tragique du dépôt de carburant à Kaloum à la fin de l’année 2023, causé par un manque d’anticipation et de vigilance, les Guinéens pleurent à nouveau en ce mois de décembre 2024. Cette fois, c’est un drame survenu à N’zérékoré, dans un stade inadapté et non conforme aux normes de sécurité, où des citoyens ont été malicieusement contraints de se rassembler pour un tournoi en l’honneur du Général Mamadi Doumbouya.
Ceux qui cherchent, par mauvaise foi, à rejeter la responsabilité sur d’autres devraient au moins faire preuve de retenue. Si le gouvernement impose des interdictions aux citoyens et les punit pour leur désobéissance, il doit également être soumis aux mêmes règles lorsqu’il agit en contradiction avec ses propres déclarations.
Comme le disait un sage, “celui qui ne fait pas ce qu’il prêche doit être jugé sur ses actes”.
Que Dieu ait pitié des âmes perdues dans ce drame et qu’il apporte réconfort aux familles endeuillées.
Abdoulaye Amie Soumah, Vice Président du MoDeL, chargé de formation