Les récentes déclarations du premier guinéen, en ce qui concerne le fichier électoral provoquent un grincement des dents, au sein de l’opinion nationale.
De nombreuses entités regroupant des acteurs politiques et sociaux guinéens, comme l’union des forces démocratiques de Guinée, ne partagent pas l’avis du locataire du palais de la Colombe, qui assimile la révision du fichier électoral existant à une « catastrophe ».
« Tout d’abord, le RAVEC (Recensement Administratif à Vocation d’État Civil) est une initiative importante pour moderniser l’état civil en Guinée. Nous ne sommes pas opposés à son principe. Cependant, il est fondamental de rappeler que cette opération ne peut en aucun cas servir de base pour établir un fichier électoral dans les délais requis par la transition. », réagit d’entrée, le conseiller chargé de communication de cellou Dalein Diallo au cours d’un entretien accordé à notre rédaction, ce mardi 28 janvier 2025.
De l’avis de ce jeune leader, par ailleurs président de la Commission Communication de l’Alliance National pour l’Alternance Démocratique, les démarches effectuées par précipitation, dans le cadre de l’organisation d’élections, en Guinée ont toujours engendré de lourdes conséquences.
« L’expérience nous a montré que de telles démarches, menées dans la précipitation et sans cadre clair, conduisent inévitablement à des élections biaisées et à des crises postélectorales. », rappelle Souleymane Souza Konaté.
Pour lui, la réaction du premier ministre est forcément motivée par des raisons personnelles.
« Le premier ministre, en adoptant cette position, semble davantage motivé par la volonté de plaire aux autorités du CNRD que par celle de défendre l’intérêt supérieur du peuple guinéen. Cette posture opportuniste vise peut-être à sécuriser son poste, mais elle ignore les impératifs de transparence et de crédibilité du processus électoral. », estime-t-il.
Il rappelle plus loin que le fichier électoral de 2020 a été déjà assaini grâce au concours de l’OIF et de la CEDEAO, qui ont pu détecter et effacer 2 400 000 électeurs fictifs.
Même si ce fichier n’est pas exempt d’imperfections, il reste une base crédible pour le leader.
« Il peut être actualisé de manière simple, en supprimant les personnes décédées et en intégrant les nouveaux majeurs, sans pour autant bouleverser le calendrier électoral. », insiste-t-il avant d’affirmer que l’UFDG et l’ANAD restent opposées à tout glissement de calendrier ou toute tentative visant à manipuler le processus électoral à des fins personnelles.
« Les Guinéens sont fatigués de la fraude et de la délinquance électorale, qui ont terni notre histoire politique. Nous le disons avec fermeté : la transparence, la justice et l’équité doivent guider l’organisation des prochaines élections. Les intérêts de la Guinée et de son peuple doivent primer sur toute autre considération. La Guinée a soif de justice, de vérité et de progrès. Nous resterons vigilants et déterminés à défendre ces principes. », prévient-il.
Pour préserver la quiétude sociale, en Guinée, Souleymane Souza Konaté invite tout de même, les autorités actuelles à faire preuve de responsabilité, tout en respectant les lois du pays.
Hadja Kadé Barry