L’ancien ministre de l’éducation nationale et de l’alphabétisation Dr Ibrahima Kourouma comparait, pour la énième fois ce lundi 3 février 2025, devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). En prison depuis le 21 avril 2021, l’ancien ministre d’Alpha Condé est poursuivi en compagnie de l’ancien DAF du même département Mohamed 5 Kourouma (non-détenu) pour des faits présumés de détournement de deniers publics et d’enrichissement illicite.
Devant la Cour, après avoir réfuté la semaine dernière les faits mis à sa charge, Dr Ibrahima Kourouma tente de justifier comment sa gestion incriminée, ne fait l’ombre d’aucun doute. Dans cet exercice, il est interrogé en premier lieu par ses conseils, composés notamment de Me Almamy Samory Traoré.
Tout d’abord, Dr Ibrahima Kourouma a affirmé que c’est avec beaucoup d’amertume qu’il comparait par devant cette barre, quand il sait ce qu’il a enduré pendant son passage au MENA.
« Ce que j’ai enduré au ministère de l’éducation nationale ? La lutte, le travail qui a été fait, le sacrifice consenti par ma propre personne pendant que j’étais ministre de l’éducation nationale sont énormes. Les justifs de ma gestion existent, tout le monde sait où ils se trouvent (…) on refuse d’aller les chercher. On veut m’accabler, on veut me détruire, qu’est-ce que j’ai fait », s’est-t-il demandé.
Poursuivant, Dr Kourouma a tenu à préciser n’avoir jamais, durant ses années de gestion au MENA, travaillé avec Mohamed 5 Kourouma avec lequel il est poursuivi par devant cette Cour. Alors, a-t-il précisé, il ne comprend pourquoi il est mis dans le même dossier que celui-ci.
« C’est dans cette salle que j’ai vu pour la première fois, Monsieur Mohamed 5 Kourouma. (…). Je ne sais pas comment je peux être confondu avec un DAF avec lequel je n’ai jamais travaillé », a-t-il dit, en réponse aux questions de ses avocats, précisant qu’au moment des faits, celui-ci n’était pas en fonction au MENA.
Le montant de 12 millions de dollars pour lequel Dr Ibrahima Kourouma est poursuivi était alloué par la BID, précise le prévenu.
« Et tout le monde sait que les partenaires ne mettent jamais leur argent à la disposition d’un ministre. Il y a toujours un gestionnaire de projet qui gère l’argent des partenaires. (…). Je n’ai jamais été impliqué dans la gestion d’un montant mis à la disposition de la Guinée par les partenaires. Ce montant ci, a été géré exclusivement par l’unité de gestion mise en place pour la cause », a-t-il précisé.
Quant au montant de plus de 600 milliards mis à l’actif de Dr Kourouma, celui-ci a confié qu’il ne comprend pas comment on peut lui reprocher des infractions étalées sur plusieurs années qu’il n’en a fait à la tête du MENA. D’ailleurs, au sujet de sa gestion des budgets annuels alloués au département, l’ancien ministre d’Alpha Condé précise que sa gestion faisait toujours l’objet d’inspection, mais qu’il sortait toujours haut la main.
« Les examens sont gérés par le Directeur nommé à cette fonction. Je n’ai jamais eu à gérer les fonds d’un examen. (…). Les rentrées scolaires sont gérées par les Inspecteurs régionaux. (…). J’ordonne la rentrée, ce n’est pas moi qui fixe le montant. (…). Je ne suis pas celui qui fixe les montants. J’ordonne. (…). Je suis en prison non seulement pour ma gestion, mais aussi pour la gestion des autres. Ça fait 33 mois, près de 34 mois maintenant que je suis en prison. Ils m’ont privé de ma famille, de ma vie, de tout. (…). Je ne suis pas ce qu’on m’a fait », a-t-il ajouté.
Le rapport d’inspection a également fait l’objet de débat entre les différentes parties au procès à l’occasion de l’audience de ce lundi. Pour la défense, ce rapport a été fait sans confrontation avec le mis en cause, donc, il ne doit être pris en compte par une Cour « qui se veut sérieuse ». « Le fait qu’il n’y a pas eu de confrontation dans le cadre du rapport de l’Inspection d’Etat pose problème ; je n’ai jamais été appelé pour me confronter avec le contenu de ce rapport », dira d’ailleurs en substance le prévenu en personne.
A la fin, la défense a demandé à la Cour, d’écarter purement et simplement le rapport de l’Inspection général d’Etat à cause « de son manque de sérieux et des contrevérités qu’il contient ».
La Cour a renvoyé l’affaire au 10 février 2025 pour l’interrogation du second prévenu.
MohamedNana BANGOURA