Ces dernières années, la Guinée a été confrontée à des crises sociales et politiques, souvent marquées par des violences incontrôlées.
Pour amener les hommes de médias à contribuer à la promotion de la paix dans le pays, des jeunes guinéens ont mis en place une entité dénommée « Association des Journalistes Sensibles aux Conflits » (AJOSEC), dont les activités ont été officiellement lancées, ce lundi 03 février 2025, à la maison de la presse, à Conakry.
Cette organisation regroupant des journalistes, a pour mission de promouvoir un journalisme responsable en Guinée, capable de traiter des informations sensibles de manière à prévenir les conflits, en vue de promouvoir la paix.
La cérémonie de lancement officiel de l’AJOSEC, a connue la présence du Secrétaire général du syndicat des professionnels de la presse de Guinée, des représentants du Réseau Ouest-africain pour l’Édification de la Paix (WANEP), partenaire potentiel de l’organisation.
Pour les membres fondateurs de cette association apolitique et à but non lucratif, les journalistes doivent forcément participer à la construction d’une société stable et paisible. D’où le choix du thème : rôle des journalistes dans la prévention et la résolution des conflits ».
Qu’entendez-vous par journalisme sensible aux conflits ?
Le journalisme sensible aux conflits est une autre approche du journalisme, qui pend en compte de manière rigoureuse, l’impact des informations véhiculées sur le public, notamment la complexité des conflits, leurs origines et leurs conséquences.
« Un journaliste sensible aux conflits choisit ses mots avec soin, vérifie ses sources avec rigueur et évite de relayer des propos susceptibles d’attiser les tensions. Il ne se contente pas de décrire les affrontements, mais cherche à expliquer les enjeux, à donner la parole à toutes les parties concernées et à proposer des pistes de réflexion. Dans un pays comme la Guinée, où les tensions sociales, politiques et économiques sont récurrentes, ce type de journalisme est une nécessité. Certes, la Guinée n’est pas un pays en guerre, mais les germes de la violence s’installent petit à petit. Nous devons donc agir dès maintenant pour freiner cette dynamique et contribuer à la cohésion sociale », a déclaré Mamadou Yacine Diallo, président de l’AJOSEC, avant de préciser davantage les motivations de l’organisation.
« Depuis la libéralisation des ondes en 2005, la Guinée a vu émerger une pluralité de médias, des radios locales aux journaux en ligne. Cette diversité est une richesse indéniable, mais elle s’accompagne de nombreux défis. Avec un taux d’alphabétisation encore faible et un contexte marqué par des troubles sociopolitiques, la presse joue un rôle fondamental. Or, nous constatons que dans certaines situations, le traitement médiatique peut involontairement aggraver les tensions. Par exemple, un discours politique incendiaire, relayé sans analyse ni mis en contexte, peut alimenter des conflits. De même, un reportage déséquilibré sur un conflit foncier ou communautaire peut exacerber les divisions. Face à ces réalités, nous avons jugé indispensable de créer une structure dédiée à la formation des journalistes, afin de leur donner les outils nécessaires pour couvrir les conflits de manière responsable. », a-t-il expliqué.
La coordinatrice du Réseau Ouest-africain pour l’Édification de la Paix (WANEP- Guinée), s’est réjouie de la création de l’AJOSEC, qui partage les mêmes ambitions que son organisation.
Le secrétaire général du syndicat des professionnels de la presse de Guinée a, quant à lui, affirmé que ce genre d’initiative est à encourager, car elle permet de mieux cadrer les journalistes, dans l’exercice de leur métier.
L’association des journalistes sensibles aux conflits entend donc renforcer très prochainement, les capacités des journalistes sur leur responsabilité professionnelle et soutenir les initiatives qui favorisent la gestion pacifique des conflits.
Hadja Kadé Barry