C’est l’amphithéâtre Djibril Tamsir Niane de l’université de Sonfonia, qui a servi de cadre à la cérémonie exceptionnelle de présentation des trois derniers ouvrages de l’écrivain Lamine Kamara « Kapi ».
C’est une dynamiques du département des lettres modernes, autour du nouveau concept ‘’Les vendredis littéraires.
La cérémonie a connu la présence de plusieurs hauts cadres, notamment les anciens ministres Ahmed Tidiane Souaré, Maramani Cissé, Dr Djalikatou Diallo, Hadja Aïcha Bah…
Plusieurs communications autour de la vie, du parcours et des œuvres l’écrivain ont couronné l’événement, devant des étudiants mobilisés, à l’occasion.
Lors de la présentation de la biographie de l’écrivain, Dr Mamadou Yaya Sow, doyen de la faculté des lettres, a tenu à préciser que Lamine Kamara ‘’Kapi’’ figure parmi les écrivains guinéens majeurs, ceux dont le nom suscite, ici et à l’étranger, une grande admiration.
D’après lui, appartenir à la crème d’écrivains qui portent haut le flambeau de la littérature guinéenne n’est guère étonnant pour celui qui se fait affectueusement appelé « Kapi ».
Après avoir écouté les mots aimables qui lui ont été adressés, l’auteur du roman à succès ‘’Safrin ou le duel au fouet’’ a remercié les initiateurs pour le choix, afin de présenter ses derniers ouvrages que sont « Ethnies, partis politiques et cohésion nationale, paru en 2022 ; L’ex-ministre, de l’envers à l’endroit de la politique en 2022 et Noutoughol ou l’Epreuve de virginité en 2024 ».
Avant d’entamer la présentation, le diplômé de la première promotion de l’institut polytechnique de Gamal Abdel Nasser de Conakry a rappelé à l’auditoire que ses livres commencent toujours par un avant-propos, une introduction, un prologue ou une préface. Ceci, pour éviter aux lecteurs de s’engager sur des chemins où ils pourraient le chercher là où il ne se trouve pas.
Sur chacun de ses livres, l’auteur cherche à atteindre son public lecteur dans un langage accessible. Ainsi en parlant du premier ouvrage intitulé « Ethnies, Partis politiques et cohésion nationale » l’auteur a rappelé la décision du gouvernement de mettre en place une commission provisoire de réflexion sur la réconciliation nationale.
« Pour un travail colossal de cette envergure, il nous a été imparti à nous les membres de la commission, deux mois, deux mois, pas un jour de plus. Les deux plus hautes Autorités religieuses du pays, le grand imam de la grande mosquée Fayçal, ElHadj Mamadou Saliou Camara et l’Archevêque de Conakry, Monseigneur Vincent Koulibaly, avaient été placés à la commission en qualité de co-présidents. (…). Nous avons rendu copie, une copie impropre bien entendu. Devant cette situation, moi j’ai décidé de ne pas en rester là. D’où l’ouvrage ‘’Ethnies, Partis Politiques et Cohésion National’’, ma contribution personnelle au processus de réconciliation qui malheureusement n’avance pas un train national », a-t-il expliqué.
S’agissant de ‘’L’ex-ministre ou de l’envers à l’endroit de la politique’’, l’écrivain dit avoir voulu écrire son autobiographie de grand commis de l’Etat. Mais en réalité le livre était dédié au défunt président guinéen.
« L’essai fut pratiquement consacré au président Lansana Conté, je l’avoue, à mon corps défendant. Contre mon gré à chaque chapitre, il s’imposait. Rebelle et en même temps envoutant, ma plume ne m’a pas obéi. Elle en a fait à sa tête. Reconnaissance oblige. En définitive, il nomme par décret le grand commis de l’Etat, dans mon cas, membre du Conseil Transitoire de Redressement National, (C.T.R.N), ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, ministre de la République qui s’est assis dans deux prestigieux mocassins ? C’est le président de la République ! L’EX-Ministre aurait pu normalement s’intituler, Le Président Lansana Conté et moi », a-t-il révélé.
Parlant du troisième ‘’Noutoughol ou l’Epreuve de virginité ‘’ l’auteur présente l’homme au masculin, dénoncé sans pardon ni tendresse et pointé du doigt. D’après lui, Noutoughol est surtout un hymne au Fouta Djallon. Une région dont l’hospitalité à nulle autre pareille de même que la beauté, la richesse culturelle et la civilisation.
« En le lisant, vous découvrirez et vous aimerez le Fouta Djallon », a-t-il dit.
Du haut de la tribune de l’amphithéâtre Djibril Tamsir Niane, le doyen a prodigué de sages conseils à ceux qui souhaitent exceller dans l’écriture. « Faites-vous relire. Vous n’y perdrez rien. Bien au contraire », a-t-il souligné.
Présente à cette cérémonie, l’ancienne Ministre Dr Djalikatou Diallo salué le professionnalisme de l’écrivain. D’après elle, le Ministre Kapi Camara est une personnalité aux multiples facettes.
« Mais, je vais m’appesantir sur quelques unes de ces facettes que je m’en vais vous décrire bien sûr au gré de ma mémoire. Le Ministre Kapi, ministre des affaires étrangères de la République de Guinée au eu ce poste fascinant qui nous fascine tous au moment où la Guinée était actrice majeure d’un conflit régional. C’est en ce temps que j’ai appris à le connaître. En ce temps, mon époux était ambassadeur de la Guinée au Nigeria et lui Ministre des Affaires Étrangères de la Guinée. J’ai vu un Monsieur en bon patriote qui a redynamisé la diplomatie guinéenne. Il prit les règnes de la diplomatie guinéenne en temps de guerre. Il a risqué sa vie. J’ai vu un Monsieur, diplomate chevronné qui a œuvré pour la paix dans la sous-région Ouest Africaine avec des armées comme l’ECOMOG dont la Guinée faisait partie aux côtés du Nigéria. Félicitations à lui pour avoir rendu des bons et loyaux services à la diplomatie guinéenne. L’autre facette que je retiens également du Ministre Kapi est celle de défenseur des droits humains en général, ceux des femmes en particulier. C’est le prototype même de la masculinité positive. Qui est beaucoup promue par les Nations Unies. Ensuite, je voudrais saluer un caractère vraiment enviable de l’auteur qui nous réuni ici et qui me donne une vive émotion. C’est celui du Ministre Kapi, qui est au antipode de l’égocentrisme pour avoir produit toutes ces œuvres. Il fait partie de ses personnalités qui mettent leurs savoirs à disposition de la collectivité. Et c’est très important. Il a démenti nous autres qui aimons le ressasser comme quoi, les hommes des lettres n’écrivent pas. C’est nous autres, médecins, économistes qui nous invitons dans la danse pour écrire. C’est nous autres qui méritons. Mais, il a démenti cela. Je l’en félicite vivement pour cela », a-t-elle témoigné.
La rencontre a été couronnée par un débat très enrichissant.
Alhassane Fofana