Comme il fallait s’y attendre, les avocats du leader du MoDeL Aliou Bah viennent de quitter l’audience de ce mercredi 16 avril 2025, à la Cour d’appel dans le cadre du procès en appel du jeune leader politique, condamné à 2 ans de prison ferme intenté pour diffamation envers le chef de l’État. L’information a été confirmée par les cadres du parti, aux hommes de médias mobilisés à l’entrée de la Cour d’appel.
Me Pépé Antoine Lama et ses collègues auraient boudé l’audience pour manifester leur désaccord face au refus de la Cour, de laisser les militants du parti, les journalistes et diplomates d’accéder à la salle. Avant de se retirer, les avocats ont donné l’ordre à leur client d’observer le silence, au cas où la Cour déciderait de poursuivre l’audience sans eux.
« Alors, aujourd’hui, on n’a rien compris. On est arrivé ici, on a trouvé qu’il n’y a pas d’accès. L’audience précédente, pourtant, la Cour avait rejeté la demande de huis clos du Procureur. Alors l’enjeu d’aujourd’hui était celui de savoir est-ce que la juge est capable de décider et que tout le monde s’y conforme. C’était en votre présence la semaine dernière quand la juge a décidé deux choses : premièrement, c’est que le procès ne sera pas médiatisé, deuxièmement, elle avait rejeté la demande du Parquet qui consistait à procéder au huis clos. Donc cela voulait dire que le procès est public. Donc pour contourner cette mesure, nous arrivons ce matin, nous avons été surpris de voir que la salle d’audience avait déjà été remplie, on avait interdit aux médias d’y accéder, on a interdit aux militants et sympathisants de M. Aliou Bah d’y entrer, les diplomates également. Pendant ce temps, la salle était totalement remplie. Par qui ? Par des jeunes venus, on ne sait d’où. Il se trouve que ce sont des jeunes qui ont été pris dans les quartiers ou je ne sais où, par qui, on ne sait pas. Et ces jeunes-là n’ont pas été fouillés contrairement à vous. Donc on a estimé que cette situation était dangereuse. Aussi bien pour la sécurité des avocats, que pour notre client, M. Aliou Bah. On a donc décidé de se retirer à l’unanimité. (…). On a expliqué à la juge. On lui a dit qu’on ne peut pas plaider dans des conditions comme ça », a confié Me Kalissa Hady Diallo, avocat d’Aliou Bah.
Aliou Bah est resté dans la salle, en attendant la décision de la cour. Pour Me Hady, l’objectif de la présence de ces jeunes dans la salle était, sans nul doute, de semer la pagaille et, ensuite, mettre cela à l’actif des militants du MoDeL et avoir un motif réel d’opposer le huis-clos.
« Quelque part, ils essaient à tout prix d’avoir le huis clos. Que cachent-ils ? Que veulent-ils faire ? Je pense que quoi qu’ils veuillent faire, ça sera au su et au vu de tout le monde. Donc, autant aller au fond. Nous, nous demandons encore une fois d’aller au fond, et on en a discuté avec M. Aliou Bah, qui va faire valoir son droit au silence et son droit à un conseil, à des avocats. Nous, nous ne nous associerons pas à ce scandale-là. (…). Mais, en tous les cas, vous savez, comme ils n’ont rien dans le fond, rien, je dis bien rien dans le fond, ils incidentent, ils incidentent, ils incidentent, et nous, nous les amènerons au fond », a-t-il ajouté.
Au moment où nous mettions cet article en ligne, les avocats de la défense et certains militants du MoDeL s’étaient retirés des lieux. D’autres entendaient encore la sortie d’Aliou Bah ou la poursuite du procès.
MohamedNana BANGOURA
