L’opposition républicaine a dressé le bilan des trois ans de gouvernance du président Alpha Condé. C’était lors d’une conférence de presse dont l’objectif était de parler de la situation sociopolitique du pays.
D’entrée, Aboubacar Sylla, porte parole de l’opposition a dit que la décision du chef de l’Etat de demander au conseil national de la transition (CNT), de voter le projet de loi de finances 2014, qui est une question de souveraineté nationale n’était pas opportune. ‘’Au moment où tous les guinéens sont en attente de la convocation du parlement, le gouvernement a prolongé le mandat du CNT en lui donnant le pouvoir de voter le budget 2014. Nous sommes dans une situation où les tensions politiques ont encore presque reprises. Et cette décision va à l’encontre de la décrispation du climat sociopolitique de la Guinée, parce qu’elle ne fait que durcir les positions entre la mouvance et l’opposition’’, clame t-il.
Aboubacar Sylla précise qu’il était convenable de laisser les députés de l’Assemblée Nationale, élus par le peuple de Guinée, représentants dignement le peuple d’étudier les questions aussi importantes que l’économie nationale.
Quant au bilan des 3 ans de l’investiture du président Alpha Condé, Aboubacar Sylla n’a pas mâché ses mots. Pour lui, depuis que le Président Alpha Condé est arrivé au pouvoir, tous les secteurs d’activités ont connu du recul dans ce pays.
Sur le plan politique :
Le porte parole de l’opposition annonce un échec dans l’organisation des législatives du 28 septembre dernier. ‘’La CENI a proclamé des résultats qui ne soient pas conforme au vote des citoyens sans oublier le sur enregistrement de la population dans les zones considérées comme fief de la mouvance et le sous enregistrement dans les zones fief de l’opposition, les bourrages d’urnes, les interférences des membres du gouvernement et ceux de l’armée dans les bureaux de vote et les salles de centralisation des votes, l’achat des consciences pour amener certaines personnes à voter pour le parti au pouvoir etc… au point que l’opposition a refusé les résultats’’, explique t-il.
Il ajoute que les libertés publiques ont été gravement entravées, empêchant ainsi l’expression des sensibilités politiques par la répression des manifestations à travers des marches, cortèges et villes mortes avec une soixantaine de morts, de blessés graves dont certains handicapés à vie et autres détenus qui croupissent dans les prisons. Il a aussi souligné le fait que les autorités n’ont pas eu la moindre décision d’engager les moindres poursuites vis-à-vis des acteurs et commanditaires de ces actes.
Côté économique :
Le président de l’UFC et porte parole de l’opposition affirme que les guinéens n’ont jamais connu une situation économique aussi dégradée. ‘’On présente tous les jours des chiffres macroéconomiques pour justifier la réussite de ce régime. On nous parle de maîtrise de l’inflation, de réduction du déficit budgétaire ou de taux de croissance, mais sur les faits, il n’y a jamais eu autant de misère dans ce pays que depuis ces trois dernières années. Toutes les entreprises qui avaient fonctionné pendant les moments les plus difficiles comme pendant le premier régime de Sékou Touré, notamment Rusal Friguia ou encore la Sotelgui ont été fermées avec le lot de licenciement et de misère que cela entraîne sans compter la fermeture de Nestlé ou du Grand Moulin de Guinée avec des pertes notoires d’emplois. Je ne parle pas de toutes les possibilités, toutes les éventualités qu’il y avait en matière d’investissements qui a été dilapidées par une insécurité juridique résultant des changements perpétuelles des règles du jeu économique’’, soutient-il en disant que les règles du jeu économique sont floues et variables.
Pour appuyer ses paroles, il prend l’exemple sur le code minier Guinée. ‘’On n’en est au 3ème code miner en trois ans. Le gouvernement a hérité d’un code minier qu’il a appliqué pendant quelques mois, le chef de l’Etat a décidé de faire élaborer un autre code minier qu’il a transmis au CNT pour adoption avec insistance avant son voyage en Chine. Malheureusement ce code s’est révélé que les régimes fiscaux et douaniers n’étaient pas attractifs et le gouvernement a élaboré un autre code minier. Donc, en trois ans, on n’est au troisième code minier’’, précise le désormais honorable Aboubacar Sylla.
En ce qui concerne les problèmes d’emploi, le porte parole de l’opposition républicaine dit que le gouvernement parle de la création de 60 à 70 milles emplois, mais, tout le monde sait que ‘’c’est une grosse plaisanterie, ce gouvernement a détruit plus d’emploi qu’il en a crée. Aucune nouvelle entreprise ne s’installe et celles qui existaient sont en train de quitter, notamment Rio Tinto, BHP Billiton, Fluor et que sais-je encore’’.
Au plan social
Côté social, l’opposant au régime d’Alpha Condé reste sceptique. ‘’Je crois que sur le plan social, le bilan est plus désastreux que dans les autres domaines. Au lendemain des élections présidentielles du 17 novembre 2010, tout le monde savait que les conflits intercommunautaires étaient sous jacents, même s’ils ne se traduisaient pas par des luttes violentes. Mais tout le monde s’attendait à ce que ce gouvernement s’atèlent à la réconciliation nationale pour recoudre ce tissu social qui a été gravement atteint lors des différentes luttes politiques. Mais malheureusement rien n’a été fait dans ce domaine’’, s’exclame t-il.
Pour lui, le gouvernement n’a fait que créer un comité national de réflexion sur la réconciliation composé de deux personnes et ce comité a fait un rapport qu’il a déposé au gouvernement. Et depuis, poursuit-il, on a plus parler de réconciliation nationale dans ce pays. ‘’Bien au contraire, tout les actes qui sont posés révèle que ce gouvernement au lieu d’unir les guinéens est en train de faire une politique de division et d’exclusion de manière à créer des frustrations qui ne sont pas du tout en faveur de la cohésion nationale et de la préservation de la paix dans ce pays’’, a conclu Aboubacar Sylla.
Mamadou Oury Bah