À la faveur d’une conférence de presse organisée ce mercredi 13 mars 2024, un magazine d’une dizaine de minutes a été présenté à la maison commune des journalistes, à la Minière, commune de Dixinn.
Réalisé par l’AVCB et la COJEDEV, ce magazine a permis à plusieurs victimes de s’exprimer sur les violences politiques qu’elles ont subies sous les différents régimes qui se sont succédé en Guinée.
Dans ce film, ces personnes dénoncent les exactions et réclament justice.
Boussiriou Diallo, responsable du programme de la Coalition nationale d’appui à la réconciliation en Guinée et président de l’ONG COJEDEV, parle de l’objectif du magazine.
« Ce magazine vise à ressortir les séquelles visibles et invisibles des différentes violations des droits de l’homme que nous avons connues dans notre pays depuis l’indépendance, et permettre également aux victimes de vider leurs cœurs, d’exprimer leurs vécues et dans le but de formuler un plaidoyer au niveau des autorités afin que la question de réconciliation qui a commencé depuis plus d’une dizaine d’année, aille au bout de son processus. Aussi, permettre la réécriture de la vraie histoire de la Guinée, pour mettre fin au tabou et au déni de l’histoire », a indiqué le président du consortium des associations des jeunes pour la défense des victimes en Guinée.
Alpha Tely Diallo, victime du camp Boiro, après avoir suivi la projection de ce magazine, souligne qu’il faut qu’il y ait justice pour parler de réconciliation.
« Chacun est une victime de Sékou Touré. Le nouveau Premier ministre nous a raconté l’histoire de son père, qui a marché du Sénégal jusqu’à la frontière Guinéenne où il est tombé malade, et décédé la frontière. C’est trop facile de dire qu’il faut pardonner, et puis on va reconstruire ce n’est pas possible. Tant qu’on ne comprendra pas qu’il n’est pas possible de balayer ses gens-là sous un tapis pour pouvoir continuer, on ne pourra jamais s’en sortir. Tant qu’on ne parlera pas, qu’on ne réhabilitera pas, ce pays ne bougera pas », dira-t-il.
Dre Fatoumata Binta Diallo, également victime du régime Sékou Touré réclame justice.
« On ne peut pas bâtir une nation sur du mensonge. Depuis 1958, j’estime qu’on refuse la vérité, il faut qu’on affronte ce passé obligatoirement, pour qu’on sache en fin qu’est-ce qui s’est passé. Nous, nous considérons que nos parents étaient innocents, dans la mesure il n’y a pas eu de procès équitable. Nous exigeons qu’ils soient réhabilité juridiquement, j’insiste là-dessus. Ensuite on parlera de réconciliation mais il y a un préalable », a-t-elle laissé entendre.
Hadjiratou Bah