Victime d’un kidnapping en haute banlieue de Conakry depuis deux (2) mois, le journaliste Habib Marouane Camara, reste toujours introuvable.
Une disparition qui plonge sa famille et ses proches, dans une profonde détresse, notamment son épouse, qui est enceinte de plusieurs mois.
Mariama Lamarana Diallo, qui a donc accepté de se confier à notre rédaction, ce vendredi 7 février 2025, a relaté ses moments les plus difficiles.
Dans cet entretien avec mosaiqueguinee.com, la jeune dame a sollicité la libération immédiate de son époux.
Mosaiqueguinee.com : Bonjour Mariama, votre mari Habib Marouane a été enlevé par des hommes inconnus il y a deux mois, à Conakry. J’imagine que jusqu’à présent vous n’avez pas de nouvelles de lui. Est-ce que c’est le cas ?
Mariama Lamarana Diallo : Depuis son enlèvement le 3 décembre 2024, je n’ai reçu aucune nouvelle. Je ne sais pas où il se trouve actuellement. Je n’ai reçu aucun appel, et j’ignore totalement qui le détient. La seule information dont nous disposons est qu’il aurait été arrêté par des gendarmes, selon des témoignages recueillis sur place, notamment celui de son ami, qui était avec lui dans la voiture.
Avez-vous mené des démarches auprès des autorités à cet effet ? Est-ce qu’on vous a parlé d’une enquête ?
Oui, j’ai entrepris de nombreuses démarches, mais elles sont restées sans suite. J’ai rencontré certaines personnalités, mais elles m’ont fait comprendre qu’elles n’en savaient pas grand-chose et qu’elles allaient mener des enquêtes avant de me faire un retour. Depuis, c’est silence radio. Rien…
Avec toutes ces démarches qui peinent à aboutir pour le moment, dites-nous comment vous vous sentez ?
Je me sens très, très mal, même si j’évite de le montrer à ma famille. Je ne veux pas afficher ma détresse, mais lorsque je suis seule, je plonge dans une profonde tristesse, et parfois, cela finit en larmes. Ce qui m’aide à tenir, c’est ma foi.
Quels ont été les moments les plus difficiles pour vous ?
Le pire moment a été lorsque mon deuxième fils est tombé malade. Il a eu une crise, et j’ai dû sortir en pleurant pour l’emmener à la clinique en urgence. Enceinte et dans un état avancé, j’ai dû affronter cette épreuve seule. Heureusement, par la grâce de Dieu, mon enfant va bien aujourd’hui. Ce sont des crises habituelles, mais cette nuit-là a été particulièrement éprouvante, car je me suis sentie toute seule. Je me suis dit que si son père était là, il aurait pris le volant pour emmener notre fils à l’hôpital. Malheureusement, ce jour-là, j’étais seule face à cette peur.
Vous n’étiez pas préparée à cette épreuve qui est apparue soudainement dans votre vie de couple, dites-nous comment vous vous en sortez en l’absence de votre mari ?
Je n’étais pas préparée à une telle épreuve, mais on ne peut jamais prévoir ce que Dieu nous réserve. Je l’accepte, car c’est mon destin, et je continue d’affronter chaque étape avec courage.
Est-ce que vous recevez du soutien de votre entourage ou des autorités ?
Aujourd’hui, l’absence de mon mari rend la situation compliquée, mais par la grâce de Dieu, je tiens bon, grâce à ma foi et au soutien moral et financier de mes proches. Je profite de cette occasion pour remercier du fond du cœur tous ceux qui m’aident. Que Dieu les récompense à la hauteur de leurs actes.
Vous jouez le rôle des deux parents pour prendre soin de vos enfants, alors que vous êtes enceinte. Parlez nous un peu des difficultés auxquelles vous faites face aujourd’hui ?
Dans des situations comme celle-ci, je n’ai pas le choix. Dieu merci, je prends les choses en main. C’est d’ailleurs une obligation pour moi, car je ne vis pas seulement avec mes enfants, mais aussi avec des membres de ma famille et celle de mon mari. J’essaie tant bien que mal de gérer cette situation.
Pour terminer, quel message avez-vous à l’endroit des autorités Guinéennes et de la communauté internationale ?
Je demande de l’aide, car je suis toujours sans réponse. Je ne sais pas où se trouve mon mari. Aujourd’hui, ma seule priorité est sa libération. Je suis enceinte de plusieurs mois et je souhaite que son retour soit immédiat. Je ne veux pas accoucher sans lui à mes côtés, car c’est un moment essentiel dans la vie d’un couple. Tout ce que je souhaite, c’est sa présence, son retour à la maison. Je demande aux autorités guinéennes d’écouter mes appels lancés sur les réseaux sociaux. J’interpelle aussi la communauté internationale : ne laissez pas le cas d’Habib Marouane sombrer dans l’oubli. Qu’on en parle encore et encore, jusqu’à ce que justice soit faite et que nous obtenions gain de cause.
Entretien réalisé par Hadja Kadé Barry