Depuis près d’un mois, le tribunal pour enfant ne fonctionne pas comme il faut. Pour cause, son siège en face de la HAC est réquisitionné par les autorités pour des fins de rénovation. Depuis lors, cette juridiction spéciale n’a pas trouvé de local approprié. Conséquence, les activités sont menées à minima et les audiences ne se tiennent même plus. La sonnette d’alarme est lancée par Me Mohamed Abou Camara, un des avocats souvent constitués dans les dossiers des enfants.
« Toutes les législations du monde, tous les textes internationaux s’accordent à dire que la femme et l’enfant doivent être protégés. L’institution chargée de veiller sur cette protection, c’est la justice. Aujourd’hui pour ces enfants, cette justice ne fonctionne pas, cette justice ne travaille pas, parce qu’elle est dépourvue de locaux. Nous sommes aujourd’hui dans la rue, les juges ne travaillent pas, les enfants sont en prison et tous les jours il y a des placements d’enfants en détention. Ceux qui sont là, au lieu d’être jugés dans le délai raisonnable tel que prévu par la loi, continuent de se voir retenus juste parce que l’État a demandé à ce que le tribunal quitte. Nous sommes dans cette situation regrettable, on ne saurait se taire dessus », a-t-il lancé.
Pour la confirmation des propos de l’avocat, on a pu joindre une source bien informée du côté du tribunal pour enfants. Elle révèle que la juridiction est momentanément recasée au tribunal ad hoc de Dixinn dans les locaux de la Cour d’Appel de Conakry. Cependant, les préoccupations demeurent.
« On est venu au tribunal ad hoc du 28 septembre, mais le local est inapproprié parce que non seulement les bureaux sont insuffisants, mais aussi nous n’avons pas de salle d’audience propre à nous comme c’était le cas là où nous étions. Et la question de l’enfance est une question sensible, comme vous le savez. Toute la procédure est gouvernée par le principe de confidentialité. Les enfants ne doivent pas être exposés au vu de tout le monde. Et nous-mêmes, ça nous gêne que les gens qui viennent pour d’autres procédures dans d’autres tribunaux viennent voir les enfants. On ne doit pas cautionner cela. Donc nous assurons que le service minimum pour le moment. Depuis qu’on est partis là-bas, n’a pas tenu d’audience », a avoué la source.
Toutefois, assure-t-elle, le ministère de la justice est à pied d’œuvre pour trouver une solution à ce sempiternel problème de local pour le tribunal pour enfant.
« Mais le ministre a écrit à son directeur de l’Agence de Gestion et Recouvrement des Avoirs Saisis et Confisqués ( AGRASC) et il y a déjà des immeubles qui sont confisqués au profit de l’État. Donc le ministre l’a saisi pour trouver un immeuble afin qu’on puisse aller s’installer là-bas. Donc nous, nous attendons ça et on imagine que peut-être la semaine prochaine, ça va être le cas », espère la source.
Notre informateur rappelle que dans tous les pays du monde, le tribunal le plus sensible, c’est bien celui concernant celui les enfants. Donc ça, ça devait être la priorité des priorités, a-t-il interpellé.
Sékou Diatéya