A la veille de l’ultimatum donné aux vendeurs illicite des médicaments et gérants de cliniques clandestines, le procureur spécial de la cour de répression des infractions économiques et financières évoque les actions phares menées dans la lutte contre toutes les atteintes massives à la santé publique. Dans une interview exclusive qu’il a accordée à Mosaiqueguinee.com,. Aly Touré, puisque c’est de lui qu’il s’agit répond aussi à ceux qui se demandent » Pourquoi c’est le procureur spécial de la CRIEF qui mène cette lutte en lieu et place des services spéciaux ? ». Egalement, le chef du parquet de la CRIEF revient sur certains dossiers qui pourraient être diligentés dès la rentrée des vacances judiciaires.
Aly Touré répond aux questions de Mohamed Bangoura !
Mosaiqueguinee.com: Vous sortez d’une réunion technique avec les acteurs en charge de la lutte contre la manipulation et la prolifération illicite des produits pharmaceutiques. A quoi a-t-elle abouti ?
Aly Touré : Oui, il s’agit d’une réunion technique suite à un courrier qu’on a envoyé depuis le 31 août relatif à la lutte contre la manipulation et la prolifération illicite des produits pharmaceutiques. Nous avons fait la réunion avec les acteurs concernés notamment les techniciens du ministère de la santé qui regroupaient le Directeur général de la pharmacie, le syndicat des pharmaciens, l’ordre national des pharmaciens, le secrétaire général du ministère de la santé et le Directeur national adjoint des établissements hospitaliers, la pharmacie centrale et les services de sécurité. C’était pour voir les différentes stratégies à adopter par rapport à notre lutte. Nous avons donc mis en place une stratégie d’intervention. Nous nous sommes rassurés déjà au niveau de la pharmacie, que la promesse qu’ils avaient tenue avait été vraiment respectée celle de ravitailler tous les centres de santé à l’intérieur du pays en terme de médicaments essentiels. Ils nous ont rassurés que ces médicaments sont acheminés à date, à tous les niveaux et dans tous les chefs-lieux de région pour ne pas que la lutte commence et qu’il y ait rupture dans les régions ou districts. On a eu cette assurance. On est en train de voir les zones d’intervention des différents services de sécurité parce qu’on va avoir la gendarmerie, la police et les services spéciaux sur le terrain.
Ne faut-il pas accordé un délai supplémentaire à ceux qui se livrent à cette pratique pour pouvoir se mettre en règle ?
Le 15 septembre est la date limite, l’ultimatum. Et ce 14 septembre, je vais faire un communiqué de rappel pour ne pas que les gens soient surpris pour les informer de notre élan qu’on ne va pas abdiquer. Les techniciens de la santé, pour leur part, vont tenir une conférence de presse pour expliquer les méfaits de la manipulation des produits pharmaceutiques par les non-professionnels et la tenue des cliniques clandestines par des personnes qui ne sont pas du tout des médecins ; le danger lié à cela. Ils vont faire une large communication sur ça ce mercredi, pour que dès le 16, les actions puissent commencer.
Etes-vous sûrs d’avoir mis toutes les chances et les moyens à votre disposition pour une lutte efficace ?
C’est à cause de ça qu’on a fait un communiqué parce qu’il faut informer les gens par rapport à ce qu’ils sont en train de faire. Peut-être qu’il y a des gens qui ne savent pas qu’ils sont en train de commettre des infractions. Il faut leur rappeler d’abord que ce qu’ils sont en train de faire n’est pas bon, c’est puni par la loi avant d’agir. C’est cette stratégie qu’on a mise en place. Nous estimons que nous allons réussir cette lutte parce que c’est prévu et puni par la loi ; c’est la loi notre seul soutien. C’est une lutte qu’on a commencée et pour laquelle on ne s’arrêtera pas.
On accuse à tort ou à raison certains pharmaciens de s’approvisionner chez ces vendeurs illégaux au grand marché de Madina. Aly Touré va-t-il livrer une lutte sans merci contre ces pharmaciens ?
Je ne suis pas contre ça. S’il y a des gens qui veulent importer des produits pharmaceutiques en Guinée, c’est un secteur qui est ouvert. Mais il faut être dans les règles. Il y a la Direction générale de la pharmacie qui donne des quitus à beaucoup de gens. Il suffit d’avoir des documents que demande la loi. S’il y a des pharmaciens qui sont adossés à des vendeurs illégaux, ils vont cesser. S’ils veulent maintenant être dans les règles, ils vont envoyer des documents à qui de droit pour être dans les règles. Tous ceux qui importeront illégalement, on ne va pas les tolérer d’autant plus qu’on est déjà en train d’arrêter au niveau de la rentrée au port. On a plus de 240 conteneurs. Ce serait injuste qu’on bloque les conteneurs au port et que des gens continuent de vendre dans les marchés.
Les cliniques et officines clandestines foisonnent en Guinée. Comment l’intervention sera menée notamment dans la capitale Conakry ?
Absolument, on va fermer toutes les structures illégales. La Direction nationale de la pharmacie est à pied d’œuvre pour ça. La Direction nationale des établissements hospitaliers également nous a envoyé la liste par zone, de toutes les cliniques agrées et non agrées. L’intervention sera donc facile.
Pourquoi c’est le procureur spécial de la CRIEF qui mène la lutte contre les faux médicaments et les cliniques clandestines ?
Je sais ce que je fais. Je ne peux pas faire quelque chose qui ne soit pas dans mes attributions. Il est dit l’article premier de l’ordonnance Numéro 007 qui crée la CRIEF notamment en son alinéa 3 que la lutte contre toutes les atteintes massives à la santé publique, rentre dans le cadre des compétences de la CRIEF. Et la vente illicite des produits pharmaceutiques, la tenue illégale des cliniques clandestines constituent des atteintes graves à la santé publique. Conséquemment, ça rentre dans mes attributions.
La CRIEF semble en pause depuis plusieurs semaines. Qu’est-ce qu’il se passe ?
Il y a des mouvements. C’est que chez nous, aucun accusé ne comparait sans avocat ; alors que les avocats sont en congés dans le mois d’août et au mois de septembre. C’est ce qui explique ce repos.
On apprend que vos enquêtes sont très avancées en ce qui concerne les dossiers des DAF. Faut-il s’attendre à une accélération des procédures à la rentrée ?
Nous sommes avec les enquêteurs à la base pour des nouveaux dossiers.
Les dossiers concernant les Directeurs des affaires financières ?
C’est ce que je vous dis, les gens ont été convoqués mais ils ne peuvent pas comparaitre sans leurs avocats. Dès la reprise, la valse des DAF va reprendre devant les juges.
Interview réalisée par Mohamed Bangoura